Alors que la plupart des candidats de droite dénoncent la libre-circulation comme l’origine des problèmes de sécurité liés au terrorisme en France, le politologue Patrick Weil, invité jeudi de la matinale d’Europe 1, a tenu à défendre les accords de Schengen, leur intérêt pour la France, mais aussi à en rappeler l’origine. "Schengen ce n’est pas l’absence de contrôles, c’est un contrôle à l’extérieur et partout à l’intérieur", a-t-il fait valoir.
Un travail collectif. "Qui est le père de Schengen ? Monsieur Pasqua. Est-ce que monsieur Pasqua était un tendre sur les questions d’immigration ?", rappelle Patrick Weil à propos de l'ancien ministre de l'Intérieur du gouvernement d'Edouard Balladur. "Il a été pour Schengen parce qu’avant d’arriver en France - qui est à l'extrême ouest du continent - les polices des pays voisins, et même au-delà, doivent s’occuper d'interpeller les étrangers en situation irrégulière. Bien sûr, elle ne font pas toujours correctement leur travail. Certains étrangers peuvent arriver, mais une partie du travail est fait", détaille le chercheur.
Une stratégie de police mobile. "Si on supprimait Schengen, il faudrait mettre des milliers de policiers à faire le planton aux frontières belge, luxembourgeoise, allemande et italienne, à prendre du gaz carbonique dans le nez et, au bout de 10 minutes, à ne plus être capables de lire une plaque minéralogique. C’est pour ça que Pasqua était pour Schengen, ça oblige à avoir une stratégie de police intelligente, ça veut dire avoir des brigades mobiles et positionner les policiers à des endroits stratégiques et pas sur l’autoroute", souligne le chercheur. "Supprimer Schengen, c’est se tirer une balle dans le pied et dans la tête", lance-t-il.
"Il faut réformer Schengen, ça peut se réformer", soutient-il, "mais la France est le pays qui, paradoxalement, a le plus d’intérêts à Schengen".