La Cour constitutionnelle du Pérou a ordonné lundi la libération de la cheffe de l'opposition Keiko Fujimori, en détention préventive depuis plus d'un an dans une affaire de corruption.
"Le tribunal a accepté" le recours présenté en faveur de Keiko Fujimori par sa sœur Sachi Fujimori, a annoncé Ernesto Blume, le président de la Cour Constitutionnelle, plus haute instance judiciaire du pays. La décision ne peut pas faire l'objet d'appel. Keiko Fujimori, 44 ans, est en prison préventive depuis le 31 octobre 2018 dans le cadre du scandale Odebrecht, du nom d'un géant brésilien du bâtiment, qui a reconnu avoir versé des pots de vins à de nombreux dirigeants politiques latino-américains, dont quatre anciens présidents péruviens.
Pour éviter des interférences de la cheffe de l'opposition dans l'enquête, le procureur José Domingo Pérez avait réclamé 36 mois de détention préventive pour la fille de l'ancien président Alberto Fujimori (1990-2000). La durée avait ensuite été réduite à 18 mois par la Cour suprême. Ernesto Blume a toutefois précisé que la décision de la Cour constitutionnelle ne concernait pas le fond de l'affaire qui fait toujours l'objet d'une enquête judiciaire.
Le parti de Keiko Fujimori était redevenu la première force politique du pays
"Justice a été rendue, une justice divine. Dieu est grand", a réagi l'époux de Keiko Fujimori, l'Américain Vito Villanella, qui avait entamé une grève de la faim pour réclamer la libération de sa femme. Keiko Fujimori, cheffe du parti Fuerzo popular (droite populiste), est accusée d'avoir reçu des fonds d'Odebrecht pour sa campagne électorale de 2011. Le parti de Keiko Fujimori était redevenu la première force politique du pays à la faveur des élections de 2016, mais il n'a cessé depuis de perdre du terrain, déjà marqué par les deux défaites successives de Keiko Fujimori au second tour des élections présidentielles de 2011 et 2016.
Des élections législatives anticipées ont été convoquées pour le 26 janvier par le président Martin Vizcarra, après la dissolution du Parlement le 30 septembre, dans le cadre de sa croisade anti-corruption. Il a notamment fait ratifier par référendum en 2018 une réforme qui prévoit que les députés actuels ne pourront pas être réélus lors des prochaines législatives.