Le président péruvien Pedro Pablo Kuczynski a présenté mercredi sa démission, à la veille d'un probable vote du Parlement pour le destituer en raison de ses liens avec le groupe de BTP Odebrecht, au cœur d'un vaste scandale de corruption.
"Face à cette situation difficile qui me fait paraître injustement coupable d'actes que je n'ai pas commis, je pense que le mieux pour le pays est que je démissionne de la présidence de la République", a déclaré le chef de l'État de centre droit, âgé de 79 ans, dans un message à la Nation retransmis à la télévision.
C'est le premier président d'Amérique latine à tomber en raison du gigantesque scandale de corruption autour du géant brésilien Odebrecht, qui a déjà poussé vers la sortie le vice-président d'Équateur Jorge Glas, ensuite emprisonné, et éclaboussé de nombreux ministres et parlementaires brésiliens. Des images à la télévision locale montraient mercredi après-midi le président péruvien en train de partir en voiture du palais du gouvernement à Lima, quelques instants avant la diffusion de son message enregistré, où il est apparu assis devant l'ensemble de son cabinet.
He remitido al Congreso el original de esta carta, que he transmitido al Perú, renunciando al cargo de Presidente Constitucional de la República. pic.twitter.com/PHX6ZccU9r
— PedroPablo Kuczynski (@ppkamigo) 21 mars 2018
Sommet des Amériques en avril. Cette instabilité à la tête du Pérou tombe au plus mal. Lima s'apprête à accueillir dans trois semaines, les 13 et 14 avril, le sommet des Amériques où sont attendus une trentaine de chefs d'État, dont le président américain Donald Trump. Le premier vice-président Martin Vizcarra, qui aura 55 ans jeudi, devrait lui succéder. Également ambassadeur du Pérou au Canada, il se trouvait mercredi en déplacement au Québec.
Procédure de destitution. Affaibli face à un Parlement contrôlé par l'opposition, "PPK", comme il est appelé dans le pays en raison de ses initiales, devait affronter jeudi une deuxième procédure de destitution par les députés. Fin décembre, il s'était sauvé de justesse d'une procédure similaire, mais cette fois l'opposition assurait avoir les voix nécessaires pour le faire tomber. Pedro Pablo Kuczynski est accusé d'avoir menti sur ses liens avec Odebrecht: il avait affirmé n'avoir jamais eu aucune relation avec l'entreprise, mais en décembre, Odebrecht a révélé avoir versé près de 5 millions de dollars à des sociétés de consultants liées à "PPK", du temps où il était ministre.
Présidents et ex-présidents dans la tourmente. Le scandale Odebrecht fait vaciller plusieurs présidents et ex-présidents péruviens, le géant brésilien affirmant avoir versé de l'argent pour les campagnes électorales entre 2006 et 2011. L'ex-président Ollanta Humala est en détention provisoire depuis huit mois et le Pérou s'apprête à demander l'extradition d'Alejandro Toledo, qui vit aux États-Unis, tous les deux pour leur implication présumée dans ce scandale.