Depuis son entrée en fonction en juin 2016, plus de 6.500 personnes ont été tuées dans le cadre de la lutte antidrogue du président philippin Rodrigo Duterte. Jeudi, il a annoncé que l'armée jouerait un rôle de premier plan dans cette guerre meurtrière, accusant la police d'être "corrompue jusqu'à la moelle".
Pour Amnesty, il pourrait s'agir de crimes contre l'humanité. "J'engage les Forces armées des Philippines et je fais de la question de la drogue une menace pour la sécurité nationale, ainsi je ferai appel à l'aide de la totalité des forces armées", a déclaré le président, ajoutant qu'il ferait tuer davantage de toxicomanes, des "fils de pute". Ce sont ses premières déclarations depuis mercredi et la publication d'un rapport par Amnesty international. L'ONG estime que ces meurtres sont peut-être assimilables à des crimes contre l'humanité. Amnesty a accusé la police d'abus systématiques des droits de l'Homme, notamment le fait d'abattre des gens désarmés, de monter des preuves de toutes pièces, de payer des tiers pour assassiner des suspects et de voler les victimes. La police a annoncé avoir tué 2.555 personnes tandis que près de 4.000 autres sont mortes dans des circonstances non élucidées, selon les chiffres officiels.
La police corrompue. Cette semaine, le président avait reconnu que la police - à laquelle était confié un rôle de premier plan dans cette guerre antidrogue - était "corrompue jusqu'à la moelle". "Les policiers se comportent comme les criminels des bas-fonds auxquels ils sont censés faire respecter la loi", a dénoncé Duterte. Il avait annoncé que les policiers seraient désormais écartés des opérations. Une série de scandales impliquant des officiers dans des affaires de meurtre, d'enlèvement, d'extorsion ou de rançon ont éclaté ces derniers temps. Les mis en cause se servaient de la guerre antidrogue comme couverture. En particulier, des policiers des "stups" sont accusés d'avoir enlevé et tué un homme d'affaires sud-coréen dans le cadre d'une opération d'extorsion, selon l'enquête officielle.
A son habitude, Rodrigo Duterte a ponctué son discours d'insultes tout en rejetant les accusations de violations des droits de l'Homme. Il a également livré une longue explication sur les problèmes des usagers de la méthamphétamine, substance hautement addictive, connue dans l'archipel sous le nom de shabu. "Et vous avez le coeur qui saigne pour ces fils de pute", a-t-il dit, estimant que 3.000 toxicomanes avaient été abattus jusqu'à présent. "Je vais en tuer plus. Ne serait-ce que pour être débarrassé de la drogue".