Quelque 200 roquettes ont été tirées samedi de Gaza vers Israël, entraînant des raids israéliens ayant fait quatre morts palestiniens, dont un bébé et sa mère enceinte selon des sources dans l'enclave palestinienne, une flambée de violences qui fait craindre un nouveau conflit.
Il s'agit d'un des plus importants nombre de roquettes tirées en une seule journée sur Israël dans les violences des dernières années entre les groupes armés palestiniens dont le Hamas au pouvoir à Gaza, et l'État hébreu.
Une Israélienne de 80 ans gravement touchée par des éclats d'obus
Depuis le matin, environ 200 roquettes ont été tirées depuis Gaza vers les localités du sud et du centre d'Israël, mais plusieurs dizaines ont été interceptées par le système de défense anti-missiles israélien, a indiqué l'armée. Une grande partie des roquettes sont tombées sur des zones inhabitées, a dit la police. Une Israélienne de 80 ans a été grièvement touchée par des éclats dans la chute d'une roquette à Kyriat Gat, à 20 km de Gaza, et un Israélien de 50 ans a été blessé par l'explosion d'une roquette à Ashkelon, a précisé la police. En plus des villes d'Ashdod et d'Ashkelon, cibles habituelles des tirs en provenance de Gaza en raison de leur proximité avec l'enclave palestinienne, des roquettes ont été tirées sur des villes du centre du pays, près de Modiin et Rehovot.
Côté palestinien, un bébé de 14 mois et sa mère enceinte ont péri
Lors des violences, les plus graves depuis des semaines, quatre Palestiniens ont été tués et sept blessés dans les raids israéliens selon le ministère de la Santé relevant du Hamas. Une fillette palestinienne de 14 mois et sa mère enceinte ont péri lors d'un raid qui a touché leur maison dans l'est de Gaza, selon cette source et des proches. "Falastine Abou Arar, âgée de 37 ans et enceinte, est décédée après avoir été blessée à la tête", a déclaré le ministère gazaoui.
120 cibles visées à Gaza
En soirée, les sirènes continuaient de retentir dans les zones israéliennes limitrophes de Gaza, selon l'armée. La police a appelé les habitants à se rendre dans les abris à chaque alerte. En riposte aux tirs de roquettes, l'armée de l'air a ciblé 120 positions du Hamas et de son allié, le Djihad islamique, l'autre groupe palestinien à Gaza, selon un communiqué militaire. Les chars israéliens ont attaqué plusieurs postes militaires du Hamas. Dans ce contexte d'escalade, Israël a annoncé la fermeture des points de passage avec Gaza et des zones de pêche de l'enclave palestinienne, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a mené des consultations avec les principaux responsables de sécurité.
Le Djihad islamique a revendiqué le lancement d'une partie des roquettes et s'est dit prêt à poursuivre les tirs. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, la branche armée du groupe a menacé d'attaquer plusieurs sites israéliens stratégiques, notamment l'aéroport international Ben Gourion près de Tel-Aviv. Une source du Djihad islamique a en outre fait état d'une médiation de l'Égypte, qui joue l'intermédiaire entre le Hamas et Israël, pour tenter de calmer la situation, alors que le mois sacré du jeûne musulman du ramadan commence dans les jours à venir.
L'Union européenne appelle à l'"arrêt immédiat" des tirs de roquettes palestiniennes
À Bruxelles, l'Union européenne a appelé à l'"arrêt immédiat" des tirs de roquettes palestiniennes, ajoutant soutenir "les efforts déployés par l'Egypte et l'ONU pour calmer la situation". Israël et son ennemi juré le Hamas se sont livrés trois guerres depuis 2008. Un cessez-le-feu, annoncé par le Hamas, avait été négocié fin mars sous l'égide de l'Égypte et de l'ONU, permettant un rétablissement du calme pendant les législatives israéliennes du 9 avril. Trois facteurs pourraient pousser Israël à tenter de calmer le jeu: les négociations en cours pour former une coalition gouvernementale après la victoire de Benjamin Netanyahu aux élections, l'Eurovision prévu à Tel-Aviv mi-mai, et les célébrations de la création de l'État d'Israël jeudi.
Au moins 272 Palestiniens tués depuis mars 2018
Depuis mars 2018, des manifestations ont lieu à Gaza le long de la barrière séparant Gaza d'Israël contre le blocus imposé par Israël à l'enclave palestinienne et pour le retour des réfugiés palestiniens chassés ou ayant quitté leurs terres à la création d'Israël en 1948. Au moins 272 Palestiniens ont été tués depuis cette date, au cours des manifestations ou dans des frappes israéliennes de représailles à des actes hostiles en provenance de Gaza. Deux soldats israéliens ont été tués. Israël accuse le Hamas d'orchestrer ces manifestations et soutient que les soldats ne font que protéger la frontière.