New Delhi est en état d'asphyxie. Depuis plus de deux semaines, la capitale de l'Inde vit dans un épais nuage de pollution. Un épisode particulièrement dangereux et inquiétant puisque lundi le taux de particules fines relevé était encore de vingt fois supérieur au maximum recommandé par l'OMS. Les médecins crient à l'urgence sanitaire, et pourtant le gouvernement a annoncé le même jour la réouverture des écoles, qui étaient restées fermées plusieurs jours. Sur place, une partie de la population préfère rester calfeutrée, même si ça ne suffit pas toujours.
"Comme si j'avais fumé un paquet de cigarettes". Le nuage grisâtre de pollution n'envahit pas seulement les rues. Il se glisse par le moindre courant d'air jusque dans les maisons. Maylis vit à Delhi depuis trois ans, et même si les écoles ont rouvert, elle refuse d'y emmener sa petite fille de vingt mois. "Le matin, le salon est dans une espèce de brouillard. Je ne sors pas en ce moment et ma petite fille ne va pas à l'école parce qu'il n'y a pas de purificateur d'air. On ordonne aux enfants de mettre leur masque anti-pollution. Si j'oublie de prendre mon masque, le soir j'ai la gorge qui pique comme si j'avais fumé un paquet de cigarettes", rapporte cette expatriée. "On a peur parce que les enfants ont des poumons en plein développement. Je crains de leur faire faire une radio des poumons… j'appréhende", confie-t-elle encore.
Les élèves calfeutrés. C'est dans la rue et dans les transports que la situation est le plus critique : la visibilité ne dépasse parfois pas les cent mètres. Dans les écoles, qui ont les moyens d'avoir des purificateurs d'air, les élèves restent confinés, explique Nicolas Siégère auprès d'Europe 1, proviseur du lycée français de New Delhi : "On a totalement interdit les cours de récréations aux élèves du primaire. Après une journée de travail, on sent quand même les effets : la fatigue et les maux de tête". Et si les autorités font pulvériser de l'eau dans les rues depuis plusieurs jours, les habitants attendent désespérément la pluie et le vent, pour faire se dissiper un peu cette chape de pollution.