Cette affaire très médiatisée est la dernière en date à opposer les nouvelles autorités polonaises pro-européennes au parti populiste PiS qui a perdu le pouvoir lors des élections de l'année dernière. Les deux camps échangent des accusations de violations de l'État de droit.
"J'ai décidé (...) de lancer une procédure de grâce", a déclaré Andrzej Duda après une rencontre avec les épouses des deux hommes, les qualifiant de "premiers prisonniers politiques depuis 1989", année de la chute du régime communiste en Pologne.
Deux ans de prison initialement
Il a également annoncé qu'il allait demander au procureur général de relâcher immédiatement les deux hommes - le ministre de l'Intérieur du précédent gouvernement populiste Mariusz Kaminski et son proche collaborateur Maciej Wasik - qui ont entamé mercredi une grève de la faim.
"Le dernier recours que nous avons est M. le Président. Nous espérons que nos maris rentreront à la maison aujourd'hui", a déclaré à la presse l'épouse de M. Wasik, Romualda. En décembre, un tribunal polonais a condamné en appel à deux ans de prison MM Kaminski et Wasik pour avoir outrepassé leurs fonctions dans une affaire remontant à 2007.
M. Kaminski était à l'époque chef du bureau central anticorruption et a été condamné pour avoir orchestré une fausse affaire de corruption à l'encontre d'un responsable politique. Élus députés lors des élections d'octobre, les deux hommes ont vu leur mandats de parlementaires annulés, ce qu'ils refusent de reconnaître.
Une grâce déjà faite en 2015
Le président avait déjà en 2015 gracié les deux hommes, mais la grâce a été par la suite remise en question par la Cour suprême pour avoir été accordée avant même que la décision de la justice n'entre en vigueur. Depuis la condamnation en appel des deux hommes en décembre, le président soulignait que sa grâce était légitime et toujours en vigueur.
La grâce de 2015 "est effective et, selon ma conviction personnelle, messieurs (Kaminski et Wasik) sont toujours députés". Les deux hommes ont été arrêtés mardi soir au palais présidentiel par la police où ils avaient passé la journée sur l'invitation du chef de l'Etat.
Leur arrestation a provoqué de vives protestations de l'actuelle opposition qui organise jeudi un grand rassemblement devant le Parlement pour protester contre le nouveau gouvernement l'accusant de "détruire la démocratie en Pologne".