L'ancien président socialiste portugais Mario Soares, considéré comme le père de la démocratie dans ce pays, est décédé samedi à l'âge de 92 ans, a annoncé le porte-parole de l'établissement de soins où il était hospitalisé à Lisbonne, José Barata. Il avait été admis le 13 décembre à l'unité de soins intensifs de l'hôpital de la Croix-Rouge alors qu'il présentait "des signes d'aggravation générale de son état de santé".
"Le visage et la voix de notre liberté". Le Portugal a décrété trois jours de deuil national à partir de lundi, a annoncé le Premier ministre Antonio Costa. "Nous avons perdu aujourd'hui celui qui a tant de fois été le visage et la voix de notre liberté, pour laquelle il s'est battu toute sa vie", a-t-il déclaré depuis New Delhi où il se trouve en visite officielle pendant une semaine. "Perdre Mario Soares, c'est perdre quelqu'un d'irremplaçable dans notre Histoire récente", a estimé le chef du gouvernement socialiste, regrettant de ne pas pouvoir assister aux funérailles d'État dont il n'a pas précisé la date.
"Le père de la démocratie portugaise". Figure incontournable de la vie politique portugaise du XXe siècle, Mario Soares fut l'un des principaux artisans de l'avènement de la démocratie au Portugal puis de son intégration européenne. Fondateur du Parti socialiste, ministre des Affaires étrangères, deux fois chef de gouvernement, dix ans président de la République puis député européen, Mario Soares a été souvent décrit comme "le père de la démocratie portugaise", tant il incarnait à lui seul l'histoire récente du pays.
Un homme "affectif, spontané et chaleureux". "Je suis un pauvre homme qui a eu la chance d'avoir pris des positions et d'avoir vu juste", disait-il dans un entretien publié en février 2015, refusant d'être qualifié de personnage "immortel". Ce bon vivant à l'embonpoint rassurant, grand séducteur, humaniste et amoureux des livres, a bâti son charisme sur son aisance à rester proche des gens et se décrivait comme un homme "affectif, spontané et chaleureux". Se définissant comme agnostique, ce fils d'un curé défroqué disait croire "en l'humanité et son perfectionnement" et se sentait lui-même porté par "une grande envie de vivre et une immense curiosité".
L'hommage de François Hollande. François Hollande a salué un des "grands dirigeants" européens et "un ami de toujours" de la France : jugeant que "le combat pour la liberté et la justice guidait sa vie" et rappelant qu'"il avait eu le courage de défendre son idéal social dans des circonstances particulièrement difficiles", le président de la République a souligné dans un communiqué que "son nom restera à jamais associé à la révolution des Œillets, mais aussi à la construction européenne, dont il aura été l'un des artisans les plus engagés".
Les grandes dates de Mario Soares
- 7 décembre 1924: naissance à Lisbonne.
- 1957: devient avocat et défend des opposants au régime de Salazar, ce qui lui vaut plusieurs peines de prison.
- 1970: après avoir été déporté dans la colonie africaine de Sao Tomé-et-Principe, il est condamné à l'exil et s'installe en France.
- 1973: participe à la création en Allemagne du Parti socialiste portugais, dont il devient le premier secrétaire général.
- 1974-1975: revient au Portugal après la "Révolution des oeillets". Est chargé d'organiser l'indépendance des colonies au sein du gouvernement provisoire de la junte militaire, puis devient ministre des Affaires étrangères.
- 1976-78: nommé chef de gouvernement à l'issue des premières élections législatives du pays. Il l'est à nouveau de 1983 à 1985, période pendant laquelle il négocie l'adhésion du Portugal à la Communauté économique européenne (ancêtre de l'UE).
- 1986-96: élu président de la République pour deux mandats consécutifs de cinq ans.
- 1999-2004: député européen.
- 2006: candidat à l'élection présidentielle, il n'arrive qu'en troisième position.