Les pompiers ont estimé lundi avoir largement circonscrit un feu de forêt qui brûle depuis samedi dans le centre du Portugal mais redoutaient que le feu ne ravive les flammes en fin de journée dans cette région où les incendies avaient fait plus d'une centaine de morts en 2017.
"L'incendie a été "maîtrisé à 90%. Pour l'instant, on souffle. Mais nous restons prudents" pour le reste de la journée en raison des conditions météo, a prévenu Pedro Nunes, porte-parole des services de la protection civile, lors d'une conférence de presse en début d'après-midi.
Sept régions du centre et du sud du pays ont été placées lundi en alerte élevée aux incendies
Les vents atteindront jusqu'à 35 kilomètres/heure l'après-midi et les températures les 39 degrés, selon les prévisions météorologiques. Sept régions du centre et du sud du pays ont été placées lundi en alerte élevée aux incendies.
Plus de 1200 pompiers et 13 aéronefs, avec 370 véhicules, venus de toutes les régions du Portugal, étaient toujours mobilisés dans la région de Castelo Braco, à 200 km au nord de Lisbonne, pour venir à bout des flammes dans des zones difficiles d'accès, selon les chiffres de l'Autorité nationale de la protection civile.
Les feux de forêt s'étaient déclarés samedi après-midi sur trois fronts et la nuit suivante plusieurs hameaux avaient été évacués par précaution. Dimanche le travail des pompiers avait été compliqué par des vents aux directions changeantes qui ont provoqué de nombreuses reprises de feu alors que les pompiers avaient initialement espéré réussir à circonscrire les derniers des trois sinistres dans la journée. Mais face à l'ampleur du sinistre, certains habitants se sont retrouvés livrés à eux-mêmes pour stopper les flammes aux portes de leurs maisons. L'objectif lundi était de "réduire les reprises d'incendies", a souligné le porte-parole de la protection civile.
Déjà 31 blessés
Les incendies ont fait jusqu'à présent 31 blessés, dont huit pompiers, la plupart intoxiqués par la fumée. Le président Marcelo Rebelo de Sousa, qui a rendu visite à un blessé grave, qui avait été évacué vers un hôpital de Lisbonne, a exprimé "sa solidarité" aux pompiers et aux populations touchées. La police judiciaire a ouvert une enquête pour déterminer les circonstances de ces feux de forêt. "Comment se fait-il que cinq feux de taille significative commencent dans des zones si rapprochées ?", s'était interrogé dimanche le ministre de l'Intérieur Eduardo Cabrita.
Un incendiaire présumé de 55 ans, soupçonné d'avoir mis le feu près de Castelo Branco, sans avoir vraisemblablement joué de rôle dans les vastes incendies qui se sont déclenchés samedi, a été arrêté dimanche, a annoncé la police judiciaire. Le porte-parole de la protection civile Pedro Nunes a appelé lundi après-midi les habitants des régions touchées par les incendies à "rester vigilants" et à suivre promptement "les indications données par les forces de sécurité".
Une région couverte de forêt
Cette région vallonée et couverte de forêts est régulièrement la proie des incendies. Les plus meurtriers de l'histoire du Portugal y avaient tué 114 personnes en 2017, en deux vagues en juin puis en octobre. Très touchées par l'exode rural, ces collines ne sont plus guère habitées que par des personnes âgées. Elles sont plantées de pins et d'eucalyptus, une essence extrêmement inflammable mais très demandée par l'industrie du papier. Malgré les risques, les propriétaires continuent à planter des eucalyptus, qui poussent très vite et représentent une source de revenus non négligeable.
Selon une étude du système européen d'information sur les incendies de forêt (EFFIS) publiée en mai, plus de 250.000 hectares sont partis en fumée à travers l'Europe entre janvier et avril 2019, un total qui a déjà dépassé les 181.000 hectares brûlés pendant toute la saison des feux 2018.