"C'est un avertissement, on doit vraiment faire attention à tout ce qui se passe". Après plusieurs décennies d'expérience diplomatique, Madeleine Albright ne cache pas son inquiétude quant à la situation actuelle dans le monde, et a fortiori en Europe et en Amérique. L'ancienne secrétaire d'État américaine sous Bill Clinton, et ancienne ambassadrice des États-Unis à l'ONU est l'auteure d'un ouvrage, Fascism, qui prend la forme d'un signal d'alerte.
Trump "veut aggraver les divisions". Dans son livre, Madeleine Albright, née en 1937 en République tchèque et qui a fuit son pays lors de l'invasion de l'Allemagne nazie, trouve des points communs entre Mussolini et Donald Trump : la certitude d'avoir toujours raison, le sens du spectacle, la haine des journalistes, la phobie des microbes… Pour autant, elle l'assure : le 45ème président américain "n'est pas fasciste". "Le président Trump veut aggraver les divisions. Mais ce qui lui manque (pour être considéré comme fasciste), c'est la violence", considère-t-elle. Mais Madeleine Albright, dans son rôle, temporise : "Ce n'est pas protocolaire de mal parler de son président quand on est une diplomate et à l'extérieur de son pays".
Plumer le poulet de la tradition démocratique. L'ancienne ambassadrice à l'ONU appelle à rester très vigilant face au lent détricotage de nos fondements démocratiques. Elle cite ces mots de Mussolini : "Plumer le poulet plume par plume et personne ne le remarquera". En clair, pour Madeleine Albright, on "plume le poulet de la tradition démocratique".
Madeleine Albright est de passage en France pour participer au forum de l'institut Aspen à Versailles, où se retrouvent depuis lundi 25 anciens ministres des Affaires étrangères venus du monde entier.