Ce mercredi 25 janvier a marqué un tournant dans les livraisons occidentales de matériel lourd à destination de l'Ukraine. Pour résister à l'invasion russe, Kiev va prochainement recevoir 14 chars Leopard en provenance de l'Allemagne. La Norvège et l'Espagne ont ensuite emboîté le pas à Berlin et les États-Unis ont également annoncé l'envoi de 31 chars Abrams à l'Ukraine. Une vague de soutien à laquelle la France refuse de prendre part pour le moment alors qu'Emmanuel Macron déclarait dimanche "ne rien exclure" s'agissant d'une éventuelle livraison. À ce jour, une participation tricolore à l'effort de guerre ukrainien n'est pas d'actualité.
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Plusieurs raisons sont avancées. "On ne va pas livrer des chars Leclerc sous la pression des Américains et des Allemands", tonne un général. Par ailleurs, le message de l'Élysée est assez clair : "La France se félicite de la décision allemande qui amplifie le soutien que nous avions engagé avec la livraison des AMX-10 RC". Ces chars sur roue, dont une trentaine prend actuellement la direction de Kiev, ne devraient donc pas être rejoints par du matériel français. Emmanuel Macron ne compte pas aller au-delà. "On reste les premiers à avoir donné des chars", rappelle un conseiller du président.
"C'est un peu le saut de l'ange"
Enfin, comme le confie ce haut gradé, Emmanuel Macron est conscient que s'il venait à livrer des chars Leclerc, "demain l’Ukraine demandera des avions et puis pourquoi pas des bateaux de guerre. Et là on ne pourra pas". Il s'agit là de la principale crainte côté français. Une fois que les Occidentaux auront livré leurs chars, que pourront-ils céder de plus aux Ukrainiens ? "C’est un peu le saut de l’ange", confirme une source bien placée. Autrement dit, une fois ces livraisons effectuées, les Alliés ne pourront plus suivre les demandes de Kiev, faute de stocks suffisants.
Un état de fait qui pourrait avoir des conséquences non-négligeables sur la guerre. Si les livraisons d'armes et de munitions à destination de l'Ukraine venaient à diminuer et que le conflit s'enlise, le président Volodymyr Zelensky n'aura d'autre choix que de négocier une paix avec Vladimir Poutine. Enfin, l'enjeu est surtout de préserver le petit stock de chars Leclerc en dotation dans les armées qui sont au nombre de 202. Cela afin de ne pas affaiblir les capacités françaises dans une guerre où tout le matériel envoyé en Ukraine ne reviendra pas.
À noter également et ce n’est pas un détail : l’entreprise Nexter ne produit plus de Leclerc depuis 2008 et il faudra attendre 2040 pour voir les premières livraisons de son successeur.