1:57
  • Copié
Didier François, édité par R.D. , modifié à
La Turquie a lancé une opération pour faire reculer les Kurdes dans le nord de la Syrie. Une offensive qui a créé un tollé international, notamment parce qu’elle pose le problème des combattants islamistes, engagés côté turc ou prisonniers côté kurde.
ANALYSE

Déjà 15 morts, et des milliers de civils en fuite. L’armée turque est passée à l’offensive mercredi dans le nord de la Syrie. Une opération aérienne d’abord, terrestre ensuite, qui a pour but de repousser les milices kurdes, qu’Ankara considère comme des terroristes, le plus loin possible des abords de sa frontière. Immédiatement, de nombreuses protestations - du Congrès américain à la présidence française, en passant, même, par la Russie et l’Iran - ont fait part de leur indignation. D’abord parce que pendant des années, les Kurdes ont été les alliés précieux de la coalition internationale contre Daesh. Ensuite, et surtout, parce que la place des combattants islamistes inquiète.

18.000 islamistes enrôlés

Il faut savoir que pour cette opération, l’armée turque a recruté pas moins de 18.000 supplétifs dans les différentes milices islamistes locales, dont la branche syrienne d’Al-Qaïda. Leurs membres ont été envoyés en première ligne - et non les soldats turcs - contre la promesse d’être relogés dans une zone tampon qui doit être instaurée par l’opération militaire. Car tel est l’objectif d’Ankara : créer un territoire d’une trentaine de kilomètres de large et de 120 km de long pour protéger sa frontière et y installer les quelque 3 millions de réfugiés qui se trouvent sur le territoire turc.

C’est d’ailleurs la composition de ces premières troupes, moins expérimentées que les soldats de l’armée turque, qui peut expliquer que dans le premier choc, les forces turques ont été surprises par l’ampleur de la résistance kurde. Cette nuit, elles n’ont ainsi pas réussi à percer leur défense sur l’axe principal de l’offensive.

Le problème des 12.000 combattants djihadistes détenus

Cet échec relatif, et peut-être temporaire, de l’armée turque n’a pas empêché le tollé international. Car ce qui inquiète surtout, c’est la collusion entre les problématiques de la Turquie et ces groupes islamistes enrôlés, alors même que les Kurdes sont nos principaux partenaires de la lutte contre le terrorisme. Ils ont combattu pendant cinq ans pour détruire le califat de Daesh.

Autre problème de taille : les Kurdes détiennent aujourd’hui 12.000 djihadistes. La plupart sont des Syriens, des Irakiens, mais il y a quand même 2.000 volontaires étrangers venus du monde entier, dont des Européens, des Français, et que personne ne veut voir à nouveau dans la nature et libre de nuire Cette nuit, les Américains ont commencé à évacuer de Syrie les individus les plus dangereux, mais ils ne pourront pas les emmener avec eux l’ensemble des terroristes emprisonnés. C’est ça qui inquiète aujourd’hui.