Deux jours après l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin, le climat est toujours extrêmement tendu à Hong Kong. Des centaines d’arrestations ont eu lieu mercredi dans l’ancienne colonie britannique, où il est désormais interdit de piétiner le drapeau chinois ou encore de brandir des slogans en faveur de l’indépendance. Des milliers de Hongkongais ont pourtant bravé ces interdictions et risquent de lourdes sanctions, comme l'affirme Valérie Niquet, responsable de l’Asie à la Fondation pour la recherche stratégique et invitée d'Europe 1, jeudi.
La fin de la liberté d'expression à Hong-Kong
Les manifestants qui ont été arrêtés pourraient être extradés et jugés en Chine continentale, où ils risquent la prison à vie. "On sait que le système judiciaire est inexistant en Chine puisqu'il est soumis au parti communiste, parti unique du pays", explique Valérie Niquet, au micro d'Élisabeth Assayag et Pierre de Vilno.
Selon l'experte, "les manifestants prennent beaucoup plus de risques aujourd'hui qu’ils n'en prenaient hier, comme en prennent tous ceux qui émettraient la moindre critique contre le système politique chinois en général. Un des objectifs de cette loi, c’est de museler toutes les contestations possibles en Chine ou à Hong Kong. C’est la fin de la liberté d’expression et la mise en danger des opposants", poursuit-elle.
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"On se souvient qu’il y a quelques années, Pékin avait fait enlever cinq libraires hong-kongais qui publiaient illégalement des livres qui lui déplaisaient. Ils sont réapparus un an plus tard après s’être 'excusé' auprès de la Chine. Pékin n’a jamais hésité à enlever les gens qui lui déplaisaient et aujourd’hui, elle peut le faire légalement", rappelle Valérie Niquet.
Le parti communiste chinois veut affirmer sa puissance
Pékin veut donc mettre un coup d’arrêt brutal au mouvement pro-démocratie. "Ce qu’il se passe à Hong-Kong aujourd'hui est exactement dans la lignée de ce que fait Pékin ailleurs. Il y a eu un conflit militaire très dur avec l’Inde il y a quelques semaines, ainsi que des tensions en mer de Chine. Les ambassadeurs chinois ont une attitude très agressive un peu partout dans le monde", continue Valérie Niquet.
Pour la spécialiste, la stratégie de Pékin n’est pas qu’une question économique, mais correspond plutôt à un besoin du parti communiste chinois d’affirmer sa puissance face au défi que représentent Hong Kong et ses manifestations. "S’il laisse faire, le parti communiste peut apparaître comme faible et cela pourrait avoir des conséquences en Chine. L’entourage de Xi Jinping pense que la seule solution est d’agir par la force pour montrer que le parti ne se laisse pas faire et a les moyens d’imposer sa volonté", conclut-elle.