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Pourquoi un pape change-t-il de nom lorsqu'il est intronisé ?

Ugo Pascolo - Mis à jour le . 3 min
Léon XIV : la classe politique française majoritairement satisfaite de l'élection du nouveau Saint-Père
Léon XIV. Vatican Media / CPP / HANS LUCAS / Hans Lucas via AFP / © Vatican Media / CPP / HANS LUCAS / Hans Lucas via AFP

Alors que les cardinaux sont réunis en conclave pour élire le nouveau pape, une question demeure. Quel nom de règne va choisir le successeur de François ? Mais d'ailleurs, depuis combien de temps les souverains pontifes changent-ils de nom, et pourquoi ? Europe 1 fait le point sur cette tradition à laquelle se plie désormais tous les nouveaux chefs de l'Eglise.

C'est un symbole fort sur lequel certains n'hésitent pas à parier : le nom du pape. Alors que 133 cardinaux sont réunis en conclave depuis le mercredi 7 mai pour élire le prochain chef de l'Église, c'est une des questions qui est sur toutes les lèvres des fidèles : quel nom de règne va prendre le nouveau souverain pontife ? Et d'ailleurs d'où vient cette pratique ? Europe 1 fait le point. 

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Changer de nom, une pratique présente dans la Bible

Changer de nom marque une évolution importante dans la vie du principal concerné. Une pratique qui n'est pas récente, puisqu'on la retrouve dès l'Ancien Testament. Ainsi, Dieu dit à Abraham, "Tu ne seras plus appelé du nom d’Abram, ton nom sera Abraham, car je fais de toi le père d’une multitude de nations" (Génèse, 17, 1-8). Un peu plus loin, toujours dans la Génèse, Jacob devient Israël après son combat avec l'ange (Génèse 32, 23-33).

Et ce ne sont pas les seuls à être renommés. Dans le Nouveau Testament, Jésus donne un nouveau prénom à ses disciples, notamment Simon, futur évêque de Rome, qui devient Pierre. "Heureux es-tu Simon Bariona, car chair et sang ne t’ont pas révélé [cela], mais mon Père qui est dans les cieux. Et moi je te dis que tu es 'Pierre', et sur cette pierre je bâtirai mon Église", lance ainsi le Christ à son apôtre (Mathieu 16, 17-18).

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Concernant les papes, il apparaît que les premiers souverains pontifes gardaient leur nom, même si La Croix rappelle que la prudence est de mise en la matière en raison du faible nombre de sources disponibles. Reste que la première trace d'un changement de nom d'un pape remonte à 533 : Mercurius est nommé 56e pape de l'Église. Mais pour éviter d'honorer un dieu païen (Mercure en l'occurrence), il change de nom une fois pape et se renomme Jean II.

Un choix lourd de sens

Pour autant, il faudra attendre quelque 400 années avant que la récurrence du changement de nom se mette en place, précise encore le quotidien. En 955, Ottaviano devient ainsi pape sous le nom de Jean XII, en 974 Francon devient souverain pontife sous le nom de Boniface VII, tandis qu'en 983 Pietro Canepanova se renomme Jean XIV, semble-t-il pour ne pas avoir le même nom que l'apôtre. 

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Et le premier pape français n'échappe pas à la règle, puisque Gerbert d'Aurillac (999-1003) va régner sous le nom de Sylvestre II. 

Ainsi, le nom adopté par un pape est une manière pour ce dernier de rendre hommage à un saint ou à un pape admiré, c'est la pietas. Et parfois, le nom choisi cache un message. Gerbert d'Aurillac choisi ce nom en référence à Sylvestre I, pape sous l’empereur Constantin, qui a eu un rôle prépondérant pour faire du christianisme la religion officielle de l'Empire romain. Plus récemment, Joseph Ratzinger choisit Benoît XVI comme nom de règne en référence à Benoît XV (1914-1922) qui œuvra beaucoup sur le plan diplomatique pour mettre fin à la Première Guerre mondiale. Mais d'autres innovent, comme François, qui a été le premier pape a porté ce nom. Une référence à François d'Assise, le Saint des pauvres.

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Reste qu'au fil du temps, une certaine popularité parmi les prénoms a émergé chez les papes : Jean est le plus utilisé par les évêques de Rome, puisque 21 l'ont choisi (bien que la numérotation aille jusqu'à Jean XXIII), selon le site lejourduseigneur. Benoît et Grégoire sont également parmi les choix les plus populaires, suivi de Clément, Innoncent, Léon ou encore Pie. 

Des noms qu'il est peu probable de revoir 

Mais ce dernier nom a fortement perdu en popularité. Et pour cause, le règne du dernier pape à l'avoir porté, Pie XII (1939-1958), est marqué par une controverse. Eugenio Pacelli de son nom de baptême, n'a en effet jamais de manière claire et directe condamné publiquement les exactions de l'Allemagne nazie durant son pontificat. Lors de son message de Noël de l'année 1942 par exemple, le pape évoque les "centaines de milliers de personnes, qui, sans aucune faute de leur part, et parfois pour le seul fait de leur nationalité ou de leur race, ont été vouées à la mort ou à une extermination progressive", sans mentionner explicitement les Juifs ou les nazis. 

Autre nom de règne qu'il est très peu probable de voir un jour, Pierre. D'une part en respect pour Pierre, l'apôtre, mais aussi possiblement en raison de la prophétie de Malachie. Aussi appelé la "prophétie des papes", ce texte prédit : "Dans la dernière période de la Sainte Église romaine, Pierre le Romain régnera, il conduira son troupeau à travers de nombreuses tribulations, puis la ville aux sept collines sera détruite et le terrible Juge jugera le peuple. C'est la fin."

Quoi qu'il en soit, ne pas prendre le nom de Pierre est désormais une règle tacite chez tous les papes qui se succède. Et il est hautement improbable que le cardinal qui va prendre la place de François y déroge.