"Victoire décisive" pour certains pays, "illégale" pour d'autres… Les alliés traditionnels de la Russie se sont félicités lundi de la réélection avec un score écrasant du président Vladimir Poutine tandis que les Occidentaux se sont montrés beaucoup plus réservés, rappelant leurs nombreux points de discorde avec Moscou.
Chaleureuses félicitations de ses alliés
La Syrie remercie Poutine. Le président syrien Bachar al-Assad a fait l'éloge de la "confiance exceptionnelle du peuple russe" envers Vladimir Poutine qui sert selon lui "les intérêts de la Russie avec la plus grande compétence et loyauté", selon un communiqué de la présidence syrienne cité par le Kremlin. "Le commandement de la Fédération russe s'est dressé contre le terrorisme dans les mots et dans les actes et l'armée syrienne est reconnaissante pour votre contribution", a encore dit Bachar al-Assad.
L'Iran espère des relations encore meilleures. Le président iranien Hassan Rohani a félicité Vladimir Poutine pour sa "victoire décisive". "Je suis certain que durant votre nouveau mandat, les relations entre nos deux pays se développeront de plus en plus", a écrit Hassan Rohani dans un message au chef de l'État russe.
Le Venezuela salue un "pays frère". Nicolas Maduro, président socialiste du Venezuela, a félicité Vladimir Poutine. "La Russie et le Venezuela sont devenus des pays frères" qui doivent "affronter les fréquentes manoeuvres de l'impérialisme" cherchant à "imposer les doctrines de suprématie mondiale", a-t-il affirmé. Le président bolivien Evo Morales a quant à lui salué sur Twitter la "victoire éclatante" de Vladimir Poutine qui, selon lui, "garantit l'équilibre géopolitique et la paix mondiale face à l'offensive de l'impérialisme". La Russie, a-t-il affirmé, "respecte la dignité des peuples".
La Chine, la Hongrie et l'Égypte satisfaites. Le président chinois Xi Jinping a salué une relation sino-russe "à son meilleur niveau historique". "La Chine se tient prête à travailler avec la Russie pour continuer à faire progresser encore les relations sino-russes (et promouvoir) la paix mondiale", a-t-il déclaré. Le présisent égyptien Abdel Fattah al-Sissi a adressé "ses plus chaleureuses félicitations" à Vladimir Poutine et a loué "les relations stratégiques partagées par les deux pays et leur volonté de les développer davantage". Autre allié de la Russie, le président hongrois Viktor Orban s'est adressé à son homologue russe : "Je ne doute pas que votre réélection garantisse la poursuite du développement de nos relations bilatérales dans la période à venir."
Occidentaux et opposants plus sceptiques
La France méfiante. Le président français Emmanuel Macron a adressé à Vladimir Poutine au téléphone "ses vœux de succès". Il a "redit sa conviction que, sur une base clarifiée, la coopération entre l'Europe et la Russie, essentielle à la sécurité du continent européen, était dans l'intérêt des (deux) pays", selon un communiqué de l'Élysée. Mais au cours de la même conversation, Emmanuel Macron a aussi appelé la Russie "à faire toute la lumière sur les responsabilités liées à l'inacceptable attaque de Salisbury", après l'usage d'un agent neurotoxique pour empoisonner l'ancien espion russe Sergueï Skripal sur le sol britannique, "et à reprendre en main fermement d'éventuels programmes qui n'auraient pas été déclarés à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques".
Félicitations très mesurées de l'Allemagne. Steffen Seibert, le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, a fait savoir que cette dernière allait "écrire un télégramme très bientôt" à Vladimir Poutine. "Je pense que naturellement, à l'occasion de ces félicitations, il va être question des défis de la relation germano-russe", a-t-il ajouté. Steffen Seibert a évoqué des "différences d'opinion" sur l'Ukraine ou la Syrie, mais a souligné l'importance "de ne pas déchirer le fil du dialogue" avec Moscou.
La Pologne très véhémente. La Pologne a considéré "illégale" l'élection présidentielle russe organisée en Crimée. "Nous sommes pour le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine et reconnaissons la Crimée comme faisant partie de l'État ukrainien. Cela signifie aussi que l'élection présidentielle tenue par les autorités de la Fédération russe sur la presqu'île ne peut être considérée comme légale", a affirmé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
L'Union européenne critique le déroulement de l'élection. L'Union européenne a déploré les violations signalées par les observateurs de l'OSCE pendant l'élection, notamment le manque de concurrence et les pressions sur les opposants, et a demandé à Moscou d'y remédier. "L'élection s'est déroulée dans un environnement juridique et politique trop contrôlé, marqué par une pression continue sur les voix critiques (…) Nous attendons de la Russie qu'elle s'attaque aux violations et aux lacunes signalées par la mission de l'OSCE."
Et les États-Unis ?
Alors qu'on aurait pu s'attendre à un tweet de Donald Trump lundi matin, le dirigeant américain n'a pas adressé de message à son homologue russe sur les réseaux sociaux. Dans un contexte très tendu entre les deux pays, la réaction du président milliardaire, inquiété dans l'enquête sur l'ingérence russe dans la campagne de 2016, est attendue.