Le nouveau décret migratoire du président américain Donald Trump a rencontré un premier obstacle judiciaire majeur, un juge fédéral empêchant d'interdire l'arrivée de l'épouse et l'enfant d'un Syrien déjà réfugié aux États-Unis. La décision du magistrat William Conley, qui siège à Madison dans l'Etat du Wisconsin, ne s'applique qu'à cette famille menacée par la guerre en Syrie, mais elle développe une forte dimension symbolique.
Il s'agit là du premier coup porté par la justice au nouveau décret remanié, pourtant présenté par le gouvernement comme n'offrant plus aucun angle de contestation possible. Il est attaqué en justice par plusieurs Etats démocrates et diverses organisations indépendantes, ce qui augure d'une grande bataille judiciaire, avec des appels et de multiples recours inévitables.
Des réfugiées d'Alep. Le plaignant, un musulman sunnite, a fui la Syrie en 2014 afin d'échapper à une "mort quasi-certaine", selon les documents adressés au tribunal. Ayant trouvé refuge aux Etats-Unis, il a ensuite déposé une demande d'asile pour sa femme et leur fille, restées à Alep. La procédure s'approchait du feu vert final à leur venue, quand elle a été stoppée par les directives anti-immigration de Donald Trump, qui a placé la Syrie sur une courte liste de pays dont les réfugiés sont désormais interdits d'entrée.
Le nouveau décret migratoire ferme temporairement les frontières américaines aux réfugiés du monde entier et aux citoyens de six pays majoritairement musulmans. Adopté lundi pour application le 16 mars, il interdit l'entrée à tous les réfugiés durant 120 jours et suspend l'octroi de visas durant 90 jours pour les ressortissants d'Iran, de Libye, de Syrie, de Somalie, du Soudan et du Yémen.