Présidentielle américaine : le soutien des célébrités envers un candidat a-t-il une réelle influence sur le résultat ?

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Grégoire Allain / Crédit photo : SAUL LOEB, ANDRE DIAS NOBRE / AFP , modifié à
Si plusieurs personnalités ont pris position pour Kamala Harris ou Donald Trump depuis le début de la campagne, leur soutien n'est pas garant d'un taux de conversion important dans les urnes et aurait d’autres utilités que d’orienter le vote de leurs fans respectifs.

Le 11 septembre dernier, au lendemain du (seul) débat entre Donald Trump et Kamala Harris, Taylor Swift, mégastar de la pop aux presque 300 millions de fans sur Instagram, déclarait soutenir la candidate démocrate pour l'élection présidentielle du 5 novembre. "C'est le type d'acte courageux dont l'Amérique a besoin. Lorsque quelqu'un comme Taylor Swift s'exprime aussi clairement, c'est une opportunité", avait alors déclaré Tim Walz, colistier de Kamala Harris, sur MSNBC.

À chaque élection ou presque, beaucoup se questionnent sur l’influence potentielle du soutien des stars sur le résultat. "Ce qu’on voit quand on regarde les instituts de sondage, c’est que fondamentalement, ce genre de soutien n’a pas d’impact", assure Mathieu Gallard, directeur d’études chez Ipsos.

Mobiliser à défaut d'influencer

Quelques semaines avant l’élection, nombre d’électeurs ont déjà fait leur choix, rendant assez faible la probabilité de les faire changer d’avis. "Ce type de soutien apporte peu de votes directs. L’effet principal d’un appui comme celui de Taylor Swift, c’est d’encourager ses fans, notamment les jeunes où le taux de participation est plus faible, à s’inscrire sur les listes électorales", estime Ludivine Gilli, directrice de l’Observatoire d’Amérique du Nord de la Fondation Jean-Jaurès.

À travers leur soutien envers un candidat, les personnalités répondent à l’un des enjeux majeurs de cette campagne : mobiliser les Américains qui hésitent encore à voter. Un mécanisme illustré par l’afflux de visiteurs sur la plateforme dédiée à s’inscrire sur les listes électorales, dans les 24 heures suivant le message posté par la star sur ses réseaux sociaux (400.000, selon l'organisation vote.org). 

Un bénéfice davantage financier

Autre exemple de l’influence marginale qu’ont ces soutiens sur le résultat final, l’élection présidentielle de 2016, où Hillary Clinton avait recueilli les appuis de personnalités comme Beyoncé, Pharrell Williams, Jay Z, Katy Perry ou Lady Gaga, ce qui ne lui avait pas permis de l’emporter (malgré les faveurs du vote populaire). Pour Mathieu Gallard, le climat actuel, symbolisé par une tendance à "l’anti-establishment", incite même de moins en moins de célébrités à se positionner, avançant que "cela devient de plus en plus risqué pour leur image publique". 

Si certains ont sauté le pas, comme George Clooney, Stephen Curry ou Spike Lee en faveur des Démocrates et Hulk Hogan, Kanye West et, bien sûr, Elon Musk dans l’autre camp, le directeur d’études estime que leur influence serait "davantage financière". Ils permettraient ainsi aux candidats, qui dépendent en grande partie des donations personnelles et des levées de fonds, de faire vivre leur campagne sur le terrain, plus que de leur apporter une proportion de voix suffisamment impactante dans les urnes.