Le candidat de l'opposition au Mali, Soumaïla Cissé, a rejeté lundi à l'avance les résultats du second tour de la présidentielle, entachés selon lui de fraudes, et appelé la population à "se lever". "D'ores et déjà, nous rejetons les résultats", a déclaré au QG de son parti Soumaïla Cissé, 68 ans, opposé dimanche au président sortant Ibrahim Boubacar Keïta. "J'en appelle à tous les Maliens à se lever (...) Nous n'accepterons pas la dictature de la fraude", a-t-il ajouté.
Un logiciel "attaqué". "La fraude, elle est avérée, c'est pour ça qu'il y a des résultats que nous n'accepterons pas. Ceux qui ont fraudé, c'est ceux qui embrasent le pays", a ensuite dit à la presse Soumaïla Cissé, qui a été crédité de 17,78% des voix lors du premier tour le 29 juillet, contre près de 42% au président sortant. Selon lui, le logiciel avec lequel son équipe effectuait sa propre compilation des résultats a été "attaqué" dans la nuit de dimanche à lundi. "Nous étions à 51,93% contre 47,53% pour le président de la République (sortant)", a-t-il assuré.
Aucun incident selon le gouvernement. Toujours selon le camp de Soumaïla Cissé, des bulletins de vote "circulaient" également ces derniers jours, preuve que des bourrages d'urnes étaient en préparation. Des journalistes de l'AFP ont pu constater que dans au moins six bureaux de vote de Bamako, les procès-verbaux électoraux avaient été pré-remplis et signés avant même la fin du vote. Ibrahim Boubacar Keïta a répliqué lundi en dénonçant des "manœuvres" de l'opposition, et le gouvernement malien s'est félicité lundi du bon déroulé du scrutin, qui "s'est globalement déroulé sans incidents". Les résultats du duel entre le président sortant et favori Ibrahim Boubacar Keïta et l'opposant Soumaïla Cissé sont attendus en milieu de semaine.
Six communicants de l'opposition arrêtés. Six membres de l'équipe de communication de Soumaïla Cissé, dont quatre Français, ont été interpellés et placés en garde à vue dimanche, en plein second tour, et une enquête a été ouverte, sans que les motifs de l'interpellation ne soient communiqués. Cinq des six hommes ont été relâchés sans aucune poursuite après avoir été détenus pendant deux heures dans un commissariat de Bamako, a indiqué l'entourage de Soumaïla Cissé. Leurs ordinateurs et téléphones ont été saisis. Il s'agit des quatre Français (dont deux bi-nationaux franco-maliens) et d'un ressortissant malien. "Des ordinateurs ont été emportés, des ordinateurs portables saisis. Pourquoi, si ce n'est pour cacher quelque chose ?", a demandé lundi Soumaïla Cissé. "Ça n'a rien à voir avec le candidat Cissé, absolument rien à voir. L'élection se fait, mais le travail de sécurité se fait aussi, une activité n'empêche pas l'autre", a fait valoir pour sa part le ministre de la Sécurité publique, le général Salif Traoré.