Le gouvernement espagnol a indiqué lundi qu'il allait demander à Bruxelles une prolongation jusqu'à fin 2024 du plafonnement des prix de l'électricité, instauré dans le cadre de "l'exception ibérique", en espérant d'ici là une réforme structurelle des règles européennes. "Nous voulons continuer à bénéficier de cette mesure exceptionnelle appliquée en Espagne et au Portugal et qui, en principe, n'est valable que jusqu'en mai", a déclaré la ministre espagnole de la Transition écologique Teresa Ribera, lors d'un entretien accordé à la chaîné de télévision Antena 3.
Attendre les nouvelles règles
"Nous allons donc demander que l'application de cette solution ibérique puisse être prolongée jusqu'à ce que les règles européennes soient modifiées", a ajouté Mme Ribera, disant souhaiter que ce régime d'exception reste en vigueur "au moins jusqu'à la fin de l'année 2024". "Nous savons" en effet que la mise en place de nouvelles règles de marché en Europe "peut prendre beaucoup de temps", a-t-elle justifié.
Dans un contexte de flambée des prix liée à la guerre en Ukraine, Madrid et Lisbonne ont obtenu en juin l'aval de Bruxelles pour décrocher du système tarifaire européen, en raison de leur manque d'interconnexions avec le reste de l'Union européenne qui pénalise leurs consommateurs. Ce régime dérogatoire, qui permet concrètement de plafonner le prix du gaz utilisé dans la production d'électricité, a permis ces derniers mois une forte baisse des prix en Espagne et au Portugal. Mais il doit en théorie prendre fin le 31 mai 2023.
Un système accusé de doper les prix
Le prix de l'électricité est fixé sur les marchés européens par le principe du "coût marginal", qui implique de prendre comme référence le prix de la dernière capacité de production utilisée pour équilibrer le réseau, c'est-à-dire actuellement celui des centrales à gaz. Accusant ce système de doper les prix, plusieurs pays souhaitent le réformer, à l'image de l'Espagne, mais aussi de la France et de l'Italie.
Mais les discussions ont pris du retard ces derniers mois, d'autres États, comme l'Autriche et les Pays-Bas, préférant tabler sur la libre-concurrence ou un renforcement des interconnexions de réseaux sur le continent pour faire baisser les prix. Cette réforme est nécessaire pour "réduire la volatilité des prix de l'électricité" et "garantir le développement des énergies renouvelables", a souligné Mme Ribera, en précisant que Madrid ferait de "nouvelles propositions" à la Commission pour "moderniser" les règles européennes.