Des avions, appartenant vraisemblablement à l'armée syrienne, auraient mené mardi matin des attaques au gaz dans le nord-ouest de la Syrie, ont rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et des médecins présents dans cette zone aux mains des insurgés. Ce raid pourrait marquer un tournant pour les négociations de paix.
Les infos à retenir :
- L'opposition condamne une attaque "chimique", qui "remet en cause" le processus de paix en Syrie
- L'armée syrienne dément catégoriquement toute implication
- Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira mercredi
Une centaine de morts. Cette attaque "chimique", menée à Khan Cheikhoun, dans la province d'Idleb, a fait au moins 100 morts et près de 400 blessés dans un fief rebelle et djihadiste du nord-ouest du pays, selon l'Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM) dans un bilan revu à la hausse.
EDIT : Le bilan de l'attaque "chimique" contre une ville syrienne s'est élevé à 72 morts, dont 20 enfants, selon un nouveau bilan mercredi de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Des sources médicales indiquent par ailleurs que certaines personnes ont été prises de suffocations ou d'évanouissements tandis que d'autres présentaient de l'écume dans la bouche, des symptômes correspondent à une attaque à l'aide d'agents chimiques. Par ailleurs, l'hôpital traitant les blessés a été bombardé, provoquant d'importantes destructions et la fuite de médecins parmi les décombres.
Le régime et la Russie pointés du doigt. L'OSDH rapporte que des avions appartenant à l'armée syrienne ou à l'armée russe auraient mené ces attaques au gaz. La coalition nationale, importante composante de l'opposition syrienne, a accusé le régime d'avoir utilisé des "obus contenant du gaz chimique".
François Hollande a évoqué "la responsabilité" du président syrien Bachar al-Assad dans le "massacre", dans un communiqué publié par l'Elysée. Le chef de l'Etat français a par ailleurs pointé "la complicité" et "la responsabilité morale" de ses "alliés", sans citer de pays. Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne, a quant à elle réagi en considérant que le régime syrien portait la "principale responsabilité" de l'attaque "chimique". "Évidemment la principale responsabilité repose sur le régime parce qu'il a la responsabilité de protéger son peuple et non de l'attaquer", a-t-elle déclaré.
L'attaque "remet en cause" le processus de paix entre le régime et ses adversaires, a affirmé Mohammad Sabra, négociateur en chef de l'opposition. "Ce crime remet en cause l'ensemble du processus de paix (...) Si l'ONU est incapable d'empêcher le régime de commettre de tels crimes, comment faire réussir un processus politique en vue d'une transition (en Syrie) ?", a-t-il demandé.
L'armée syrienne dément toute implication. En fin d'après-midi, le régime de Damas a démenti "catégoriquement" être à l'origine d'une attaque chimique et a assuré que les rebelles étaient responsables de la tragédie. Une source militaire syrienne a par ailleurs affirmé que l'armée "ne faisait pas et n'avait jamais fait" usage de ce type d'armes, "ni par le passé, ni à l'avenir". L'armée russe a elle annoncé n'avoir mené aucun raid aérien dans la zone de Khan Cheikhoun.
Réunion du Conseil de sécurité de l'ONU mercredi. La coalition nationale a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU de "convoquer une réunion urgente (...) et d'ouvrir une enquête immédiate". La France a fait la même demande de réunion d'urgence. Jean-Marc Ayrault, Le ministre des Affaires étrangères, a par ailleurs qualifié l'attaque "d'acte ignoble" dans un communiqué. Peu avant 17h (heure française), l'envoyé spécial des Nations Unies a répondu à ces attentes. Staffan de Mistura a assuré que l'ONU chercherait à "clairement identifier les responsabilités" et à faire "rendre des comptes" aux auteurs de l'attaque. En fin d'après-midi, le Conseil de sécurité a annoncé une réunion mercredi, à 14h (20 h en France) en séance extraordinaire.
Vives réactions à l'international. Sur la scène internationale, le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, a demandé que les auteurs de l'attaque rendent "des comptes", sur son compte Twitter. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a également affirmé que la communauté internationale devait agir pour éliminer les armes chimiques en Syrie. En fin d'après-midi, la Maison-Blanche a elle aussi condamnée une attaque "intolérable". Washington a par ailleurs indiqué qu'il serait dans l'"intérêt" des Syriens qu'Assad ne gouverne plus. Dans al soirée, le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, a indiqué que "s'il se vérifiait que des gens ont été victimes d'une attaque chimique (...) dont le régime syrien endosse la responsabilité, ce serait un acte d'une cruauté sans équivalent. (...) Et ce serait une raison supplémentaire pour laquelle nous ne devons pas composer avec le régime d'Assad dans la lutte contre le terrorisme".
Lors d'un entretien téléphonique, le président turc Recep Tayyip Erdogan a lancé mardi à son homologue russe Vladimir Poutine et soutien de Bachar al-Assad, que l'attaque "chimique" était "inhumaine" et menaçait le processus de paix, selon des responsables turcs. Le président turc a souligné que "les attaques pouvaient risquer de gâcher tous les efforts fournis dans le cadre du processus d'Astana" visant à une fin du conflit.