Emmanuel Macron réclame une plus grande implication des alliés au sein de l'Alliance nord-atlantique dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'Otan, lui répond en exclusivité sur Europe 1, et explique que la France n'a tout simplement "pas demandé l'aide de l'Otan". Mais quelle support pourrait fournir l’Otan à la France ? Les réponses de Didier François, notre spécialiste des questions de défense et de terrorisme.
"Deux choses essentiellement : de la formation militaire et des moyens matériels, particulièrement dans le domaine du transport aérien. On peut par exemple imaginer une mission d’encadrement de l’état-major du G5 Sahel, les cinq pays engagés en première ligne contre le terrorisme et qui cherchent aujourd’hui à coordonner leur action sur leurs frontières avec l’aide de Barkhane.
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L’Otan pourrait effectivement participer à la mise en place et à l’encadrement de son quartier général, un peu sur le modèle de ce qui est fait en Irak avec une cinquantaine d’hommes. Et puis l’Alliance atlantique dispose également de moyens importants dans le domaine du transport stratégique avec de nombreux avions disponibles, si elle les met à contribution l’ensemble de ses membres. Ce qui n’est pas simple, car hors le fameux article 5 qui prévoit une riposte collective en cas d’attaque d’un allié, il faut obtenir l’accord unanime des 29 membre du Conseil pour pouvoir ouvrir des missions de ce type. Et donc avant de lancer une demande d’aide formelle, il vaut mieux passer par une phase de sondages des intentions de chacun. C’est ce qui clairement est en train de se passer !
Le projet "Takuba"
Au delà de l'Otan, d'autres pistes existent pour un soutien au Sahel. Et c’est la raison de cet appel réitéré par Emmanuel Macron à nos alliés et particulièrement aux Européens, qui sont d’ailleurs pour beaucoup membres de l’Otan. Un projet est bien avancé, pour le début de l'année prochaine. Il s'appelle "Takuba" et consiste à intégrer dans l’opération Barkhane des Forces spéciales de différents pays européens dont le rôle sera de former mais aussi d’accompagner au combat les unités de l’armée malienne qui devront reprendre en main les zones déjà pacifiées par l’armée française.
L’idée est de ne pas laisser les Maliens seuls face à de possible retour de raids djihadistes dans ces régions. Et à ce jour, les réponses sont plutôt positives, particulièrement chez les Scandinaves (Danois, Suédois, Norvégiens) mais aussi les Finlandais, les Estoniens, les Tchèques qui envisagent de déployer environ 500 opérateurs sur le terrain. Ce qui, pour des Forces spéciales, est assez conséquent."