Quelle est l’origine du conflit israélo-palestinien ?

Le 14 mai 1948, le premier ministre Israélien David Ben Gourion lit la déclaration d'indépendance de son pays à Tel-Aviv (AFP)
Le 14 mai 1948, le premier ministre Israélien David Ben Gourion lit la déclaration d'indépendance de son pays à Tel-Aviv (AFP)
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Nathan Laporte , modifié à
L’offensive du Hamas menée contre Israël le 7 octobre 2023 marque le début d’un nouveau cycle de violences dans le conflit israélo-palestinien. Depuis sa création en 1948, l’État d’Israël est engagé dans un affrontement sans fin avec les Palestiniens et ses voisins arabes. Pour revenir sur la genèse de l’État d’Israël, Virginie Girod reçoit Alain Dieckhoff, spécialiste du conflit israélo-palestinien dans le podcast "Au Cœur de l’Histoire". 
PODCAST

Pour comprendre les origines du conflit israélo-palestinien, il faut revenir à la seconde moitié du XIXe siècle. C’est à cette période qu’est formalisé le projet "sioniste", c’est-à-dire l’installation d’un Etat juif en Palestine. Le terme "sionisme" vient du mont Sion, l’une des collines de Jérusalem. "Le sionisme est un mouvement politique dont le leader le plus connu est Théodor Herzl, un Juif viennois. C‘est le premier qui a systématisé l’idée sioniste au travers d’un manifeste 'L’Etat des Juifs', un véritable programme pour réaliser cet objectif politique", retrace Alain Dieckhoff, chercheur au CNRS, docteur en sociologie politique et spécialiste du conflit israélo-palestinien, invité d’Au Cœur de l’Histoire, le podcast produit par Europe 1 Studio. 

Sa pensée rencontre un certain écho : dans l’empire tsariste, les Juifs sont alors victimes de persécutions particulièrement violentes et massives. "Chez certains intellectuels, commence à apparaître l'idée que l'assimilation n'est pas une perspective", résume Alain Dieckhoff au micro de Virginie Girod, "les premiers Juifs arrivent en Palestine à compter des années 1880, essentiellement chassés par des pogroms". 

Les deux Guerres mondiales, deux tournants pour la Palestine  

A cette époque, la Palestine est encore une province de l’Empire Ottoman, "peuplée à 90% d’Arabes", majoritairement musulmans. La Première Guerre mondiale rebat les cartes dans la région. Allié des Empires Centraux Allemands et Austro-Hongrois, l’Empire Ottoman est dans les rangs des perdants. Les anciennes provinces arabes sont réparties sous tutelles françaises et britanniques par la Société des Nations, l’ancêtre de l’organisation des Nations-unies. Le Royaume-Uni hérite ainsi de la Palestine mandataire. "Dans ce mandat, il y a une clause particulière pour la Palestine liée à une déclaration qu'a faite Lord Balfour, un officiel britannique, en 1917. Le gouvernement britannique s'engage à faciliter la constitution d'un foyer national juif en Palestine", explique Alain Dieckhoff.  

La Seconde Guerre mondiale et la Shoah constituent un nouveau tournant. La situation en Palestine se dégrade, Juifs et Arabes tentent de prendre position dans le nouvel ordre régional. "Les Britanniques se trouvent dans une situation inextricable et ils vont s’en remettre à l'Organisation des Nations Unies" raconte le spécialiste du conflit Israélo-palestinien dans "Au Cœur de l'Histoire".  

Le plan de partage du 29 novembre 1947  

La solution proposée, c'est le plan de partage du 29 novembre 1947 : la Palestine mandataire serait divisée en un État juif et un État arabe, et Jérusalem doté d’un statut international. "En un certain sens, c’est une réparation symbolique de la Shoah", précise Alain Dieckhoff. "L’idée d’un Etat juif résout la question des rescapés du génocide qui ne pouvaient ou ne voulaient pas retourner dans leur pays d’origine". Le monde arabe s'oppose toutefois à ce partage de la Palestine : "La position des Arabes est assez simple, c'est de rappeler qu’à aucun moment depuis les années 1920 la population locale arabe n'a été consultée sur l'idée de constituer un foyer ou un État juif".  

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Le plan de partage est voté à une majorité des deux tiers à l’ONU, "du point de vue de la légalité internationale, le partage est valide", rappelle Alain Dieckhoff. Proclamé en mai 1948, l’Etat d'Israël couvre environ 55% de la Palestine mandataire. Les Palestiniens héritent des 45% restants, en deux morceaux : la bande de Gaza, sous administration égyptienne, et la Cisjordanie, intégrée au royaume de Jordanie. 

"Officiellement en état de guerre depuis 1948"

Mais la violence n’a pas attendu la naissance de l’Etat d'Israël pour se déchainer. Dès le lendemain du vote du plan de partage en novembre 1947, la guerre civile éclate en Palestine. "Cet épisode pré-déclaration d'indépendance est très important. Lorsque l'État d'Israël voit le jour le 14 mai 1948, les Palestiniens ont déjà perdu leur guerre civile. Une grande partie a fui ou a été expulsé".  Aussi, quand les pays arabes entrent en guerre en 1948 contre le jeune Etat d'Israël, "la situation territoriale et démographique a déjà été transformée". Israël triomphe d’ailleurs de la coalition arabe l’année suivante. Né de la guerre, Israël "a survécu par la guerre", insiste Alain Dieckhoff. "Même pendant les périodes de calme, il est officiellement en état de guerre depuis 1948".