"Mon frère Alfonso était à l'aéroport d'Atatürk", "Mon frère voyageait sur le vol EgyptAir. J'ai peur pour sa vie, aidez-moi"… Autant d'appels à l'aide lors de différents drames pour un seul et même visage. Ce cliché d'un homme brun, âgé d'une trentaine d'années, circule maintenant, systématiquement, depuis plusieurs semaines après chaque attentat ou accident : crash EgyptAir, fusillade homophobe d'Orlando, et il y a encore deux jours, le triple attentat-suicide contre l'aéroport international d'Istanbul.
En réalité, l'homme en question ne fait partie d'aucune des victimes à déplorer dans ces catastrophes aériennes ou attentats récents. Et encore moins des victimes de l'attentat à l'aéroport d'Atatürk d'Istanbul, dans lequel au moins 41 personnes ont péri. En revanche, il serait bien "victime" d'une vengeance surprenante, qui prend racine au Mexique.
#Help my brother Alfonso was on #Atatürk Airport and we dont know anything about him, help please #Turkey#ISISpic.twitter.com/zYug6RyTVm
— Batiato. (@marty_batiato) 28 juin 2016
Une histoire de dettes non remboursées. D'après les Observateurs de France 24, qui ont mené l'enquête, tous les messages proviennent d'internautes basés au Mexique. Contactés, tous assurent que l'homme en question les aurait arnaqués sur de petites sommes allant jusqu'à 1.000 euros. Dans cette affaire de prêts jamais honorés, certains disent même avoir porté plainte.
Mais l'affaire traînant à être traitée par la justice, ils ont décidé d'agir eux-mêmes, à l'instar de l'un d'eux, qui se félicite : "Nous avons décidé de poster des photos de lui sur Internet, uniquement pour l’embêter… et ça marche !" Pour alimenter leur supercherie, les victimes présumées de cet homme diffusent plusieurs portraits de lui, à des âges et des situations variées.
Certains ont même affirmé sur Twitter qu'il était à l'origine d'une fusillade, le 19 juin dernier, lors d'une manifestation réprimée par la police mexicaine. Ouvrant le feu, les forces de l'ordre avaient fait au moins huit morts.
Al momento, se filtra imagen del funcionario que dio la orden de abrir fuego vs los maestros #OaxacaGrita#CNTEpic.twitter.com/9BNC1b6zE1
— Batiato. (@marty_batiato) 20 juin 2016
Un litige qui vire à la calomnie. Derrière la diffusion de ces allégations et faux avis de recherche, se loge l'histoire d'une vengeance personnelle. "Pour nous, l’objectif, c’est que son visage soit connu du monde entier et que sa réputation soit ruinée", poursuit l'une de ses victimes présumées.
L'intéressé, contacté par les Observateurs de France 24, dément pour sa part toute escroquerie, évoquant uniquement une "plaisanterie après un litige". Il déplore voir sa photo circuler dans le monde entier : "Maintenant, j’apparais dans plusieurs histoires que tout le monde retweete"…
Il affirme toutefois ne pas avoir porté plainte, "car ce genre de procédures n’aboutit jamais au Mexique" et avoir demandé à la BBC et au New York Times de supprimer les clichés sur lesquels il apparaît. En vain.