Kellyanne Conway, c'est un peu l'anti Donald Trump. Sourire parfait, discours policé, cette spécialiste de la communication est calme et précise. Quatre mois avant l'élection, alors que Donald Trump est mal en point dans les sondages, elle est nommée directrice de sa campagne. Et mardi soir, après l'annonce des résultats de l'élection présidentielle, lors de son discours, elle a été la première personne que Donald Trump a remerciée.
D'où vient Kellyanne Conway ? Mère de quatre jeunes enfants, cette femme blonde de 49 ans, baigne dans la politique depuis le début de sa carrière dans l'équipe de sondages de Ronald Reagan. Elle connaît parfaitement les arcanes du parti républicain. Lors des primaires, elle avait monté un de ces comités d'action politique, "Super PAC", qui aident à financer la campagne d'un candidat, en l'occurrence le plus sérieux adversaire du septuagénaire aux primaires, le sénateur du Texas Ted Cruz. "C'est une mercenaire. Elle a un très grand talent dans la communication", note Vincent Michelot, spécialiste de l'histoire politique des Etats-Unis, interrogé par Europe1.fr .
Quand a-t-elle rejoint Donald Trump ? Kellyanne Conway rejoint l'équipe de Donald Trump mi août. "Elle a été embauchée à un moment critique de sa campagne où il était au plus bas dans les sondages et en très grand danger. Cela correspond au moment où les leaders républicains du Congrès l'ont lâché et où il y avait un manque total de discipline dans sa campagne", rappelle Vincent Michelot.
Quel était son rôle dans la campagne ? Elle a eu un rôle d'organisation, de coordination et de communication. "On lui a attribué les pleins pouvoirs de communication derrière Donald Trump et parfois Jared Kushner, le mari d'Ivanka Trump. Elle l'a discipliné", ajoute le spécialiste politique qui précise qu'elle a notamment réussi à "enlever Twitter" à Donald Trump dans les dix derniers jours de la campagne, de façon à éviter des dérapages impulsifs.Aussi, la communicante a également su éteindre les polémiques, nombreuses, auxquelles Donald Trump était confronté. "Elle met le contexte explicatif et apaisant, elle enlève les aspérités du discours", ajoute Vincent Michelot. Lors des meetings ou après les débats télévisés entre candidats, elle va systématiquement au-devant des journalistes pour faire le service après-vente.
Aurait-il pu gagner sans elle ? Difficile à dire. "La victoire de Donald Trump est multifactorielle, elle n'est pas due uniquement à la stratégie de communication", relève Vincent Michelot. "Mais elle a toutefois contribué à rassurer l'électorat féminin", assure de son côté Jean-Eric Branaa, maître de conférence en politique à Paris 2-Assas, spécialiste de États-Unis. Elle joue le rôle de la femme des années 1950. Qui est à côté, mais qui fabrique le bonhomme. C'est une mère de famille posée, une bonne républicaine "mainstream", souriante, sympathique, éduquée. Elle a aussi fait le pont avec les républicains modérés."
Et maintenant, quel rôle va-t-elle jouer ? Jeudi, la directrice de campagne a annoncé qu'un poste lui avait été offert au sein de la future administration Trump, sans plus de précision. Pour Vincent Michelot, " le poste qui lui temps les bras c'est celui de porte-parole de la Maison-Blanche ou alors celui de conseillère spéciale au sein du cabinet. Dans tous les cas, une fonction de communication".