Un blanc peut-il chanter un air de rap incluant le mot "Nigger", sans reprendre à son compte des siècles de racisme ? Le rappeur américain Kendrick Lamar a, lors d'un récent concert, très publiquement affirmé que non, suscitant une nouvelle controverse autour du très explosif "N-word". La polémique est partie d'un concert que le célèbre rappeur, récompensé par 12 Grammy Awards et le mois dernier par le Pulitzer de la musique, donnait dimanche dans le cadre du Hangout Festival dans l'Alabama, un Etat du sud américain où la mémoire de l'esclavage et de la lutte des noirs pour l'égalité des droits est omniprésent.
Une fan blanche invitée à chanter sur scène. Lamar a invité une jeune fan blanche, identifiée uniquement par son prénom "Delaney", à venir chanter avec lui sur scène son tube de 2012, m.A.A.d city, où le "N-word" revient plusieurs fois. Après que la jeune femme eut repris le mot plusieurs fois, il l'interrompt : "Attends, attends, attends !", lance-t-il à la jeune fille, selon des images vidéo du concert diffusées. La jeune fille lui demande pourquoi, si "elle n'est pas assez cool" pour lui, et Lamar répond : "Il faut que tu censures un mot." Ce sur quoi elle semble comprendre et s'excuse : "Est-ce que j'ai fait ça ? Je suis désolée (...) je suis tellement désolée", dit-elle. Lamar l'autorise alors à reprendre la chanson, malgré les sifflets du public contre "Delaney".
Retrouvez l'extrait dans la vidéo ci-dessous :
Polémique. Depuis la mise en ligne de ces images sur les réseaux sociaux, l'histoire a suscité un torrent de réactions, très divisées, à l'image du contexte racial très tendu aux Etats-Unis. Les détracteurs de Lamar dénoncent l"hypocrisie" du rappeur, pour avoir invité la jeune fille à chanter une chanson dans laquelle il savait très bien que le mot était présent, précisément dans le but de la sermonner publiquement. Mais d'autres au contraire soutenaient son initiative "pédagogique".
Le mot "nigger", hérité de la période esclavagiste, est couramment utilisé par les rappeurs et par les noirs dans l'argot urbain, mais est perçu comme l'une des plus graves insultes raciales lorsqu'il est utilisé par des blancs, qui l'évitent le plus souvent en parlant de"N-word" (le "mot N").