Alors que le chef du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine, a rétropédalé sur sa tentative de rébellion contre l'armée russe ce samedi, il est actuellement en route vers la Biélorussie, allié historique de la Russie. L'impréparation et le désarroi des services locaux et régionaux aura marqué les esprits après ces 24 heures de crise interne. Ni les gouverneurs, la police ou l'armée ont tenté d'arrêter l'homme à la tête de Wagner, ce qui laisse entendre une peur de lui déplaire, alors qu'il paralyse tous les systèmes de commandement.
Pourtant, Evguéni Prigojine est un ami notoire de Vladimir Poutine, et était devenu un héros aux yeux de la population russe avec l'aide des autorités. L'armée russe s'est alors trouvée désemparée face à l'opération de Wagner, faute d'un ordre clair de la part du gouvernement, qui n'a pas émis la volonté de l'arrêter. La Biélorussie est ainsi intervenue et son président Alexandre Loukachenko a endossé le rôle de médiateur.
>> LIRE AUSSI - Wagner : qui est Evguéni Prigojine, l'homme à l'origine de la rébellion armée en Russie ?
L'avenir de Poutine remis en cause ?
Les jours à venir seront ceux des comptes à Moscou, puisque Vladimir Poutine se retrouve très affaibli pour la première fois. Alors qu'il promettait le pire au rebelle, Evguéni Prigojine, ce dernier s'en sort indemne de la situation, ce qui est notoirement rare lorsque l'on s'en prend au président russe. Il repart donc avec ses hommes, son matériel et sans poursuites pénales. Cette absence de cruauté représente en quelque sorte autant de garanties envolées pour le maître actuel du Kremlin, qui a sans doute été obligé de céder, faute de soutiens pour faire face à son allié de Wagner.
Habituellement, la puissance de Vladimir Poutine repose sur sa capacité à faire peur, sa capacité à acheter des soutiens par la force et aussi sa manière de distribuer les dividendes de l'entreprise Russie. Le système qu'il l'a mis au pouvoir il y a plus de 20 ans, va étudier la possibilité de survivre, avec ou sans lui. À l'heure qu'il est tous les services de renseignement russes, le FSB, le SVR, le GRU ainsi que ceux de l'armée, doivent essayer de comprendre s'il faut continuer à suivre Vladimir Poutine, ou bien miser sur Evguéni Prigojine, qui devient populaire.