Madrid contrôle reconfinement  PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP 1:31
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Henry de Laguérie, édité par Séverine Mermilliod
Près d'un million de Madrilènes sont de nouveau soumis à un confinement partiel, en raison de la deuxième vague de Covid-19 qui frappe durement les quartiers défavorisés du sud de la Capitale. Mais les habitants rencontrés par Europe 1 jugent la mesure injuste et inefficace.
REPORTAGE

Face à l'ampleur de la deuxième vague de Covid-19 en Espagne, 850.000 habitants des quartiers défavorisés du sud de Madrid sont de nouveaux soumis à des restrictions de mobilité. Ils n'ont plus le droit de sortir de leur quartier sauf pour aller travailler, emmener leurs enfants à l'école ou en cas de force majeure. Les parcs et jardins sont interdits et les bars doivent fermer à 22 heures. Ce n'est pas un confinement aussi strict qu'au printemps, mais les habitants concernés s'estiment discriminés... Ceux de Vallecas, quartier pauvre concerné par la mesure, sont en colère, comme Europe 1 a pu le constater.

"Pas de vraie mesure pour freiner l'épidémie"

Momo, vendeur de téléphones portables, observe depuis sa boutique le contrôle de police installé à la frontière de la zone reconfinée; il faut désormais un justificatif pour passer. "J'ai habité ici, je travaille ici, je n'ai pas le droit de passer dans un autre quartier. C'est comme quand j'étais petit et que ma mère m'enfermait dans la maison : je ne suis pas libre !", déplore-t-il au micro d'Europe 1.

Pour l'instant la police ne sanctionne pas, elle informe, mais dans 48 heures il y a aura des amendes. Inès vit ce reconfinement ciblé comme une injustice, une manœuvre selon elle des autorités régionales pour masquer des défaillances dans la gestion de la crise. Elle est venu le dire hier dans la rue avec des centaines de manifestants. Parmi les slogans, "qu’ils confinent les riches". "On respecte les règles ici à Madrid comme partout en Espagne, mais le problème est que les quartiers du sud de Madrid sont clairement discriminés", soutient la jeune femme. "Il n'y a pas de vraie mesure pour essayer de freiner l'épidémie : on n'a pas assez de médecins ou de pédiatres, et par contre nous sommes confinés."

1.200 cas positifs pour 100.000 habitants

Alors que l’on recense dans ces quartiers une incidence jusqu'à 1.200 cas positifs pour 100.000 habitants, un record en Europe, beaucoup doutent de l’efficacité de ce reconfinement, car les gens continueront à se déplacer pour aller travailler en centre-ville. "C’est incroyable ! Ils nous laissent aller travailler à l’autre bout de Madrid, serrés comme des sardines dans le métro, mais ils empêchent d’aller se promener au parc !", s'indigne Adela, femme de ménage dans un hôpital.

Chaque matin et chaque soir, le métro et les trains sont en effet bondés. Dans ces quartiers populaires, le télétravail n’est souvent pas possible, en plus d'un autre problème : la densité. Les appartements sont petits. Les habitants sortent, ce qui favorise la diffusion du coronavirus.