Les députés allemands ont adopté jeudi une loi limitant le regroupement familial pour les réfugiés, une condition pour former un gouvernement de coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates après des mois d'imbroglio post-électoral. Adopté par 376 voix contre 298, le texte prolonge jusqu'au 31 juillet un moratoire en vigueur depuis début 2016 sur le regroupement familial pour les réfugiés dits "subsidiaires", une catégorie comptant des centaines de milliers de personnes avec un statut de protection temporaire et notamment des Syriens fuyant la guerre.
1.000 personnes par mois. A compter du 1er août, 1.000 personnes seront autorisées chaque mois à immigrer en Allemagne dans le cadre du regroupement familial, un quota n'incluant pas "les cas d'urgence". Les conservateurs de la chancelière Angela Merkel réclamaient à l'origine le gel total du regroupement familial, tandis que les sociaux-démocrates souhaitaient une plus grande générosité. "A l'issue d'un débat difficile, il nous faut des résultats car il s'agit d'êtres humains ici. Et notre résultat, notre compromis est à la fois plein d'humanité, de responsabilité, de générosité et de réalisme", a souligné devant les députés du Bundestag le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière.
Obstacle à la formation d'un nouveau gouvernement. Mais ce compromis lève surtout un obstacle important dans les négociations en vue de la formation d'un gouvernement de coalition sous l'égide d'Angela Merkel, plus de quatre mois après les législatives qui ont laissé l'Allemagne sans majorité évidente. La loi doit encore faire l'objet d'un vote au Bundesrat, la chambre haute du parlement, mais il s'agit d'une formalité. De son côté, le parti d'extrême droite AfD, qui a fait une entrée historique et tonitruante à la chambre des députés après les élections du 24 septembre, a dénoncé le texte adopté jeudi.
"Nous considérons que le regroupement familial ne doit pas avoir lieu dans notre pays, mais dans des zones protégées, en Syrie (par exemple) qui est en grande partie pacifiée", a martelé le député Christian Wirth, dénonçant un projet européen de "remplacement" de la population du continent par des migrants arabes et africains. Ce parti anti-islam, anti-élite et anti-européen a gagné en popularité en surfant sur les inquiétudes générées par l'ouverture du pays en 2015 à quelque 900.000 demandeurs d'asile.