Des agriculteurs et transporteurs routiers roumains, qui avaient été parmi les premiers en Europe à crier leur "ras-le-bol" en bloquant des axes routiers, ont commencé à lever le camp samedi, suite à l'annonce d'un accord avec leur gouvernement. Les manifestants sont "satisfaits" d'avoir obtenu une place à la table des négociations, a déclaré à l'AFP l'un de leurs représentants, Danut Andrus. Il s'agissait d'une "condition" pour mettre fin au mouvement, a-t-il expliqué au nord-est de la capitale Bucarest, que les agriculteurs et les routiers quittaient progressivement pour regagner leurs régions.
Commission interministérielle
Depuis plus de trois semaines, ils étaient mobilisés pour des actions coup-de-poing et des opérations escargot en périphérie des grandes agglomérations roumaines. Prochainement, le gouvernement, les agriculteurs et les chauffeurs routiers vont se réunir pour trouver les meilleures solutions aux problèmes rencontrés, selon un communiqué du gouvernement. "Nous allons participer aux décisions qui seront prises au niveau national", au sein d'une commission interministérielle nouvellement créée lundi prochain à la suite d'un dernier cycle de négociations, a détaillé Danut Andrus, pour qui c'est "un succès retentissant".
Le gouvernement roumain avait déjà adopté plusieurs des 76 requêtes avancées pour satisfaire les professionnels de ces secteurs, notamment des subventions pour le diesel, des aides d'État et la possibilité dans certains cas de reporter le remboursement d'emprunts. Dans ce pays de 19 millions d'habitants frontalier de l'Ukraine et membre de l'Union européenne (UE), routiers et agriculteurs avaient déjà exprimé leur colère l'année dernière en raison de la concurrence de Kiev. A cela se sont agrégées en janvier d'autres revendications, qui se sont traduites par des actions aux quatre coins du pays, relayées sur les réseaux sociaux.
En ligne de mire notamment : taxes et assurances jugées trop chères, alors que les subventions européennes sont mal distribuées. Les routiers dénoncent pour leur part les exemptions accordées à Bruxelles aux compagnies de transports ukrainiennes transitant par la Roumanie et provoquant un goulot d'étranglement aux frontières. Les pertes des agriculteurs roumains liées à la concurrence ukrainienne ont été évaluées à près de trois milliards d'euros l'an dernier, selon les chiffres avancés par l'un de leurs syndicats, alors que les épisodes de sécheresse se multiplient par ailleurs.