Séisme électoral en Roumanie. Calin Georgescu, candidat pro-russe de 62 ans que personne n'attendait, est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle. Après le dépouillement de plus de 99% des bulletins, ce dernier a recueilli 22,94% des suffrages exprimés, devant Elena Lasconi, 52 ans, maire centre-droit d'une petite ville (19,17%) et novice en politique. Les deux candidats devraient s'affronter le 8 décembre lors du deuxième tour. Le Premier ministre pro-européen Marcel Ciolacu, qui faisait figure de favori, mais seulement troisième, a d'ores et déjà concédé sa défaite.
Opposé à l'aide à l'Ukraine
Connu pour être un admirateur de Vladimir Poutine, Calin Georgescu s'est dit opposé à l'aide à l'Ukraine, refusant d'être "entraîné dans un conflit qui n'est pas" le sien. Le candidat avait mené une campagne sur TikTok devenue virale ces derniers jours, focalisée sur la nécessité de stopper tout soutien à Kiev. TikTok, illustration de sa volonté de mener une campagne à l'écart des médias classiques puisqu'il a multiplié les clips sur la plateforme dernièrement. "Internet est le seul espace de liberté d'expression", a-t-il d'ailleurs affirmé à ce sujet dans une récente vidéo.
Critique de l'OTAN
Parmi ses autres chevaux de bataille, l'homme de 62 ans a fustigé à plusieurs reprises l'OTAN, qu'il définit comme une "organisation faible", critiquant son système antimissile basé à Deveselu, dans le sud de la Roumanie, que la Russie n'a cessé de dénoncer comme une menace à son encontre. Il a également exprimé des doutes sur la capacité de l'Alliance à défendre l'un de ses membres en cas d'attaque russe.
>> LIRE AUSSI - «Steadfast Defender 2024» : l'Otan planifie sa plus grande manœuvre depuis la fin de la guerre froide
Le candidat est aussi connu pour avoir défendu un antisémite notoire, Corneliu Codreanu, dirigeant de la Garde de fer dans l'entre-deux guerres, ou encore le maréchal fasciste Ion Antonescu.
Passé sous les radars
"Il n'a pas été la cible d'attaques", contrairement à ses adversaires, son parcours "n'a pas été disséqué", a expliqué à l'AFP le sociologue Gelu Duminica pour justifier son succès. Les nombreux indécis, "déçus et se sentant abandonnés" par les partis traditionnels, ont vu en lui "un sauveur, faute de leaders de confiance capables d'unir la société", selon l'expert.
Diplômé de l'université de Bucarest, cet ingénieur agronome a débuté sa carrière en 1992 au sein du ministère de l'Environnement avant de rejoindre celui des Affaires étrangères. Son nom est apparu comme possible Premier ministre dans les années 2010, mais c'est dix ans plus tard qu'il a véritablement surgi sur la scène publique, profitant de la pandémie de Covid-19 pour diffuser un récit conspirationniste.
Un temps lié au parti d'extrême droite AUR, Calin Georgescu s'en était éloigné après des prises de position controversées.