Royaume-Uni : après le Brexit, chute record du commerce extérieur avec l'UE en janvier

Les exportations de biens du Royaume-Uni vers l'UE ont plongé de 41% en janvier.
Les exportations de biens du Royaume-Uni vers l'UE ont plongé de 41% en janvier. © Kenzo TRIBOUILLARD / AFP
  • Copié
Europe 1 avec AFP
Le monde des affaires a été massivement défavorable au Brexit mais en subit pleinement les conséquences. Les entrepreneurs décrivent les multiples tracasseries du Brexit, apparues du jour au lendemain. Les exportations de biens du Royaume-Uni vers l'UE ont plongé de 41% en janvier. 

"Ce qui m'inquiète c'est que la Grande-Bretagne semble un peu toxique désormais" : ce patron d'une PME, comme tant d'autres, dénonce les dégâts du Brexit sur les exportations britanniques et sur l'image du pays pour les affaires. L'entreprise de Neil Currie vend des ustensiles de cuisine, dont les échanges ont fait les frais des nouveaux arrangements post-Brexit, comme les pâtes, le homard, les parfums, et une litanie d'autres produits.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Les exportations de biens du Royaume-Uni vers l'UE ont plongé de 41% en janvier, premier mois effectif de la sortie du marché unique, selon les chiffres du Bureau national des statistiques vendredi. Certes, les entreprises des deux côtés de la Manche avaient constitué des stocks fin 2020 en prévision de la sortie de l'UE, et la pandémie a pu jouer un rôle. Mais le divorce, certes adouci par la conclusion d'un accord commercial, reste en travers de la gorge de nombre d'entre elles.

Le monde des affaire frappé de plein fouet par le Brexit

Le monde des affaires a été massivement défavorable au Brexit mais en subit pleinement les conséquences. Les entrepreneurs décrivent les multiples tracasseries du Brexit, apparues du jour au lendemain. "Nous devons créer trois factures pour chaque commande, qui détaillent les matériaux", explique Neil Currie.

Pour exporter en France une poêle à frire de 50 livres, il faut compter 16 à 20 livres en coût de distribution contre 8 livres avant le Brexit, de quoi décourager les acheteurs. Et jusqu'à la sortie de l'UE, il était plus rapide d'expédier une commande à Bruxelles qu'en Ecosse ou en Irlande du Nord. "Nous sommes seulement 12 personnes, nous n'avons pas quelqu'un qui passe sa journée à travailler sur la gestion des exportations", rappelle-t-il.

"Depuis le 1er janvier, il y a une pile de paperasses à remplir"

Les entreprises alimentaires sont particulièrement touchées, puisque s'ajoutent les contraintes sanitaires. Baron Shellfish, un exportateur de homards du nord-est de l'Angleterre a tout simplement mis la clé sous la porte. Les éleveurs de saumon écossais chiffraient eux fin février à 11 millions de livres les pertes. "Depuis le 1er janvier, il y a une pile de paperasses à remplir", raconte Nicolas Hanson, franco-britannique et patron du fabricant de pâtes fraîches haut de gamme La Tua Pasta à Londres. "Pour exporter une tonne et demie de pâtes, il y a facilement 70 pages à remplir ce qui est énorme", explique-t-il, évaluant le coût du Brexit entre 50.000 à 70.000 livres sur l'année.

Reste à voir si cette tendance à la baisse des exportations n'est que passagère, comme le pense le gouvernement britannique qui assure que les volumes de frets sont revenus à la normale. Selon l'association des entreprises manufacturières britanniques Make UK, plus d'un tiers d'entre elles disent avoir perdu des ventes depuis deux mois. Les entreprises tentent elles de trouver les solutions pour maintenir leurs affaires à flot.