Le Premier ministre britannique Keir Starmer a promis jeudi qu'il avait un "plan" pour réduire l'immigration, en annonçant un durcissement des conditions d'embauche de travailleurs étrangers et des sanctions plus sévères pour les entreprises qui enfreignent les règles sur les visas.
Attaquant "l'échec" des conservateurs qui avaient promis de "reprendre le contrôle" de l'immigration grâce au Brexit, Keir Starmer a défendu une "nouvelle approche", que ce soit dans l'attribution des visas de travail ou la gestion du système d'asile, lors d'une conférence de presse depuis Downing Street. Il a annoncé la publication prochaine d'un "plan pour réduire l'immigration", tout en refusant de "donner un nombre arbitraire" d'immigrés que le Royaume-Uni accepterait chaque année. Il compte notamment cibler les visas de travail, première cause d'immigration au Royaume-Uni, entre juin 2023 et juin 2024, selon les derniers chiffres publiés jeudi par l'Office national des statistiques.
Un sujet clé pour le gouvernement travailliste
Le futur plan renforcera ainsi les contreparties demandées aux entreprises pour embaucher des travailleurs étrangers, notamment en matière de "formation de travailleurs ici au Royaume-Uni", a ébauché Keir Starmer. Et il a lancé un avertissement aux employeurs, prévenant que ceux qui ne respectaient pas les règles en matière de visa ou de salaire minimum se verraient interdire l'embauche de travailleurs étrangers pendant deux ans.
L'immigration nette a reculé de 20% entre juin 2023 et juin 2024, pour atteindre 728.000 entrées nettes, conséquence des politiques restrictives du précédent gouvernement conservateur. Celui-ci a interdit le regroupement familial pour certains étudiants et pour les travailleurs étrangers employés dans le secteur de la santé, et a augmenté le salaire minimum exigé dans le cadre d'un visa de travail.
Accord avec l'Irak pour lutter contre l'immigration illégale
Sur le front de l'immigration illégale, Londres a annoncé jeudi avoir conclu un "pacte" avec l'Irak afin de renforcer leur coopération contre les réseaux de passeurs et de "travailler" à accélérer le retour des migrants irakiens dans leur pays quand ils n'ont pas de titre de séjour valable au Royaume-Uni. Il s'agit d'"un signal clair aux réseaux criminels de passeurs sur notre détermination à agir dans le monde entier pour les traquer", a affirmé dans un communiqué la ministre de l'Intérieur britannique Yvette Cooper, qui était cette semaine en Irak où elle s'est notamment entretenue avec son homologue Abdel Amir al-Chammari.
Le gouvernement travailliste a fait de la répression des réseaux de passeurs une de ses priorités, ciblant notamment ceux qui organisent des traversées clandestines de la Manche sur de petits bateaux. Depuis le début de l'année, plus de 33.500 personnes ont débarqué au Royaume-Uni par ce biais, soit davantage que sur toute l'année 2023. Entre janvier et juin 2024, ces migrants venaient essentiellement d'Afghanistan, d'Iran ou du Vietnam. Entre le 1er octobre 2023 et le 30 septembre 2024, 2.129 Irakiens ont fait la traversée, selon le gouvernement britannique.
Ces dernières années, Londres a déjà signé des accords du même genre avec d'autres pays, comme avec l'Albanie en 2022, ou plus récemment avec la Serbie, le Kosovo et la Macédoine du Nord, pays de transit des migrants. Le mois prochain, Londres accueillera une réunion des ministres de l'Intérieur des pays membres du groupe de Calais (Royaume-Uni, Allemagne, France, Belgique, Pays-Bas).
Keir Starmer s'est entretenu jeudi avec le chancelier allemand Olaf Scholz. Les deux dirigeants ont estimé que "davantage pourrait être fait pour lutter contre les gangs (de passeurs) en Europe", selon un compte-rendu de leur échange publié par Downing Street. Ils espèrent pouvoir signer "dans les prochains mois" un traité bilatéral en cours de préparation et incluant ce sujet. Le sujet empoisonne aussi régulièrement les relations entre Londres et Paris. La semaine dernière, une quinzaine de maires de communes du littoral du nord de la France ont dénoncé "l'hypocrisie" des autorités britanniques, les accusant d'accepter "tous les migrants qui arrivent".