Royaume-Uni : ces petits partis faiseurs de roi

David Cameron (à gauche) et Ed Miliband (à droite) se disputent le 10 Downing Street.
David Cameron (à gauche) et Ed Miliband (à droite) se disputent le 10 Downing Street. © DAN KITWOOD/AFP
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JUGES DE PAIX - Travaillistes et conservateurs vont devoir compter sur les petits partis pour obtenir la majorité au Parlement après les élections du 7 mai.

Au coude à coude. Le scrutin s'annonce très serré. A trois jours des élections générales qui permettront aux électeurs britanniques de désigner leurs représentants au Parlement, les partis conservateur et travailliste, les deux mastodontes politiques du pays, sont au coude à coude. 32% pour les Tories et leur Premier ministre sortant David Cameron contre 31% pour le parti travailliste de son rival Ed Miliband, selon un sondage relayé par la BBC.

La nécessité d'une coalition. Mais au-delà de l'écart, ce sont les faibles scores des deux partis qui étonnent. Et donnent du même coup une importance majeure aux autres formations politiques également en lice, un phénomène rare dans l'histoire politique britannique, dont le système favorise le bipartisme : seuls cinq gouvernements de coalition ont été montés depuis 1910. Toujours est-il que le 7 mai prochain, Cameron et Miliband devront très probablement composer pour construire une majorité parlementaire et un gouvernement.

>> Dans ce contexte, trois partis "mineurs" vont littéralement jouer le rôle de faiseurs de roi le 7 mai prochain. Europe1.fr les passe en revue et analyse les possibles coalitions qui pourraient émerger au lendemain du scrutin.

 

• Les "Libdems", le traditionnel arbitre en perte de vitesse

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Quelle est leur situation ? En 2010, les libéraux-démocrates sont courtisés, chouchoutés, observés.  Et pour cause, le parti dirigé par Nick Clegg frôle les 35% dans les sondages avant de récolter 23% des suffrages, son meilleur score depuis la fin des années 80. Ils disposent au sortir du scrutin de 162 élus au Parlement, forçant David Cameron à s'allier avec eux pour former un gouvernement. Leur leader Nick Clegg devient donc le vice-Premier ministre et quatre autres figures du parti intègrent l'exécutif. Sauf que depuis, la situation n'a eu de cesse de se dégrader : les Libdems ont perdu les deux tiers de leurs sièges dans les communes lors des élections locales de 2011. Déstabilisé par cette défaite, Nick Clegg est très contesté depuis.

 Avec qui pourraient-ils s'allier ? Malgré des sondages peu flatteurs (les Libdems sont crédités de 8% des intentions de vote selon la BBC), ils demeurent une force politique non négligeable. Depuis 2004 et un recentrage du parti, les Libdems sont les alliés naturels des conservateurs, et pourraient faire alliance avec eux si les résultats du scrutin le permettent. 

 

• UKIP, les nationalistes eurosceptiques 

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Quelle est leur situation ? Ils étaient devenus la première force politique du pays au lendemain des élections européennes de 2014. Le parti eurosceptique, nationaliste et populiste dirigé par Nigel Farage avait fait son meilleur score depuis sa création en 1993 : 27.5% des voix. Un score en trompe-l'œil, puisqu'il a été réalisé lors des européennes, terreau idéal pour faire campagne sur l'euroscepticisme qui a toujours fait recette outre-Manche. Alors que les instituts de sondage promettaient au parti indépendantiste 25% des voix en janvier, UKIP a vu sa cote baisser ces derniers mois. Aujourd'hui à 14% dans les sondages, les positions radicales du parti et le mode de scrutin devraient l'empêcher de remporter un grand nombre de sièges (ils en possèdent 5 aujourd'hui). 

Avec qui pourraient-ils s'allier ? S'il n'est pas sûr que UKIP fasse un score suffisant pour rentrer dans une coalition gouvernementale, Nigel Farage pourrait néanmoins se payer le luxe de priver de majorité absolue David Cameron ou Ed Miliband. Et ainsi faire déboucher l'élection sur un "Hung parliament", c'est-à-dire un parlement dont n'émane aucune majorité. Cameron, lui, affirme qu'il ne formera jamais de coalition avec UKIP, rappelle le Dailymail (en anglais). 

 

• Le SNP, ces nationalistes écossais qui pourraient entrer au gouvernement 

Quelle est leur situation ? Ils possèdent déjà la majorité au Parlement écossais avec 69 sièges. Mais malgré un faible score dans les études (moins de 4%), grâce à la concentration de leur vote sur certaines circonscriptions, les instituts de sondage estiment que le SNP pourrait remporter l'ensemble des sièges en Ecosse, notamment sur certains territoires historiquement acquis au Labour. Ce pourrait être une grande victoire pour la dirigeante du parti et Premier ministre écossaise, Nicola Sturgeon.

Avec qui pourraient-ils s'allier ? Cela ressemble à une alliance contre nature. Entre les indépendantistes du SNP et les travaillistes britanniques unionistes, le différend sur l'Ecosse semble rédhibitoire pour former une alliance. C'est pourquoi Ed Miliband avait annoncé qu'il n'y aurait aucune union de ce genre, comme l'explique The Independent (en anglais). Mais la réalité politique force parfois à revenir sur de telles déclarations. Si le SNP, résolument marqué à gauche, venait à remporter un grand nombre de sièges au Parlement, difficile pour Ed Miliband de se passer de cet allié de choix. D'autant que la dirigeante du SNP, Nicola Sturgeon a annoncé qu'elle était ouverte à l'idée d'une alliance, comme le souligne Courrier International. Si ce scénario venait à se réaliser, Nicola Sturgeon deviendrait alors le premier vice-Premier ministre du Royaume-Uni à souhaiter son démantèlement.