Royaume-Uni : victoire écrasante des travaillistes, une première depuis près de 15 ans

Keir Starmer
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avec AFP // JUSTIN TALLIS / AFP
Le parti travailliste a largement remporté les élections législatives britanniques ce jeudi, en emportant 410 sièges sur les 650 de la chambre des Communes, presque un record. C'est la première fois depuis 14 ans que la gauche est majoritaire. De son côté Rishi Sunak a "assumé la responsabilité" de la défaite des conservateurs.

Le chef du Labour britannique Keir Starmer s'apprête à entrer à Downing Street vendredi, mettant fin à 14 années dans l'opposition pour les travaillistes, après leur victoire sans appel face aux conservateurs lors de législatives marquées aussi par la percée inattendue de la droite dure. "Raz-de-marée": le verdict s'affiche vendredi en Une des quotidiens britanniques, unanimes pour qualifier le tournant politique du Royaume-Uni, après 14 années de pouvoir conservateur.

 

Si la défaite des conservateurs était annoncée depuis des mois par les sondages, leur déroute s'avère historique, confirmant le désir de changement des Britanniques, exaspérés par la succession des crises, du Brexit à l'envolée des prix en passant par la valse des Premiers ministres ces dernières années. Selon les projections des télévisions britanniques, le Labour remporterait 410 sièges sur les 650 de la Chambre des Communes, juste un peu moins que le score historique de Tony Blair en 1997 (418).

Rishi Sunak "assume la responsabilité" de la défaite

"Le Royaume-Uni en rouge", la couleur du Labour, titre l'influent tabloïd The Sun qui avait appelé à voter travailliste. Le parti conservateur du Premier ministre sortant Rishi Sunak est désavoué avec son pire résultat depuis le début du XXe siècle: 131 députés élus, contre 365 il y a cinq ans sous Boris Johnson. L'actuel chef du gouvernement "assume la responsabilité" de la défaite des conservateurs, mais a tout de même réélu dans sa circonscription de Richmond, dans le nord de l'Angleterre.

Alors que l'extrême droite est susceptible d'accéder au pouvoir en France et que Donald Trump semble bien placé pour retourner à la Maison Blanche, les Britanniques ont choisi massivement un dirigeant modéré de centre-gauche. Keir Starmer, un ancien avocat spécialiste des droits humains de 61 ans, sera chargé vendredi par le roi Charles III de former un nouveau gouvernement. Le futur Premier ministre a promis ce vendredi matin un "renouveau national" pour le Royaume-Uni. "Notre tâche n'est rien de moins que de renouveler les idées qui maintiennent l'unité de notre pays. Je ne vous promets pas que cela sera facile", a-t-il ajouté.

Les électeurs "réclament le changement" et "c'est à nous de répondre à cette confiance", s'est réjouie Rachel Reeves, qui devrait devenir la prochaine ministre des Finances dans le gouvernement travailliste et a été réélue dans sa circonscription. Mais elle a prévenu que le futur gouvernement devra s'attendre "à des choix difficiles" face à "l'ampleur du défi".

Le pro-Brexit Nigel Farage élu au Parlement

Les libéraux-démocrates (centristes) se renforceraient avec 61 députés, redevenant la troisième force du Parlement. Mais la surprise du scrutin vient surtout du parti anti-immigration et antisystème Reform UK: il gagnerait 13 sièges, entrée bien plus fracassante que prévu pour la formation de la figure de la droite dure Nigel Farage. "C'est le premier pas de quelque chose qui va tous vous abasourdir", a assuré ce dernier, dans la nuit.

En Ecosse, les indépendantistes du Scottish National party subissent un sérieux revers, pressentis pour n'emporter que 10 des 57 circonscriptions. Les tout premiers résultats ont confirmé les prévisions, avec 12 victoires pour le Labour, et Reform UK en deuxième place dans de nombreux cas.

Neuf ans seulement après être entré en politique et quatre ans après avoir pris la tête du Labour, le nouveau Premier ministre sera confronté à une aspiration considérable au changement. Le Brexit a déchiré le pays et n'a pas rempli les promesses de ses partisans. L'envolée des prix des deux dernières années a appauvri les familles, plus nombreuses que jamais à dépendre des banques alimentaires. Il faut attendre parfois des mois pour des rendez-vous médicaux dans le service public NHS. Les prisons risquent de manquer de places dès les jours qui viennent.