Vladimir Poutine a salué lundi le "retour à la patrie" des territoires ukrainiens occupés par Moscou, acclamé par une foule rassemblée sur la place Rouge après sa très large réélection à l'issue d'une présidentielle sans opposition. Le maître du Kremlin, au pouvoir depuis près d'un quart de siècle, a récolté 87,28% des voix à l'issue de ce scrutin qui s'est tenu de vendredi à dimanche, y compris dans les régions d'Ukraine dont Moscou a revendiqué l'annexion.
Ce score a été qualifié d'"exceptionnel" par le Kremlin et dénoncé comme "sans lien avec la réalité" par l'opposition en exil. Le président âgé de 71 ans est apparu dans la soirée sur la place Rouge, où se déroulait un concert célébrant l'anniversaire des 10 ans de l'annexion de la péninsule de Crimée, premier acte du conflit entre la Russie et l'Ukraine. Accueilli par la foule aux cris de "Russie ! Russie !", Vladimir Poutine, accompagné sur scène de ses trois adversaires à la présidentielle, a assuré que son pays irait "de l'avant, main dans la main" avec les territoires conquis à l'Ukraine.
"Des réussites encore plus importantes"
"Le retour à la patrie s'est avéré plus difficile, plus tragique, mais nous y sommes parvenus et c'est un grand événement dans l'histoire de notre État", a lancé Vladimir Poutine dans un bref discours avant de chanter l'hymne russe en unisson avec la foule, aux pieds des murs du Kremlin. La Russie a annexé la Crimée en mars 2014 après une intervention de ses forces spéciales. En septembre 2022, elle a revendiqué l'annexion de quatre autres régions d'Ukraine qu'elle occupe partiellement : celles de Donetsk et Lougansk dans l'Est, et celles de Kherson et Zaporijjia dans le Sud.
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Dans la foule de spectateurs de ce concert patriotique, de nombreux Russes ont exprimé leur soutien à Vladimir Poutine, après plus de deux ans d'offensive militaire en Ukraine et de lourdes sanctions occidentales. "Tous les citoyens qui respectent notre pays ont voté pour Poutine", assure à l'AFP Elena, économiste de 64 ans qui habite à Moscou. Ivan Tregoubov, travailleur social de 30 ans, pense que "sous sa direction, le pays ne fera que se renforcer". "Nous nous attendons à des réussites encore plus importantes", lance-t-il.
"Vladimir Poutine est le fondement de notre pays. Je lui fais confiance", abonde Victoria, âgée de 23 ans, qui est née alors que le maître du Kremlin était déjà au pouvoir. Le Kremlin avait fait de la présidentielle une élection sur mesure destinée à démontrer la "confiance" des Russes en leur président : les trois autres candidats étaient tous sur la même ligne que Vladimir Poutine, qu'il s'agisse de l'Ukraine ou de la répression qui a culminé avec la mort de l'opposant Alexeï Navalny dans une prison de l'Arctique en février.
Les félicitations de Xi Jinping et Narendra Modi
L'opposition a réussi néanmoins à se montrer lors de cette présidentielle en se rassemblant dans les bureaux de vote dimanche à midi, en gâchant des bulletins ou en les invalidant en écrivant le nom de "Navalny". C'est ce qu'a fait sa veuve Ioulia Navalnaïa en votant à l'ambassade russe à Berlin. L'équipe du défunt, qui accuse le Kremlin d'avoir tué l'opposant, a jugé que le score obtenu par Vladimir Poutine n'avait "pas de lien avec la réalité".
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Les partenaires de la Russie ont félicité Vladimir Poutine pour sa réélection : le dirigeant chinois Xi Jinping a assuré que ce résultat prouvait "le plein soutien des Russes", tandis que le président iranien Ebrahim Raïssi y a vu une "solide victoire". Le Premier ministre indien Narendra Modi a appelé à renforcer la relation "spéciale" entre les deux pays et les dirigeants du Venezuela, du Nicaragua, de Cuba et de Bolivie ont aussi salué l'issue du scrutin.
Un homme "ivre de pouvoir"
Berlin, Londres, Paris et le chef de la diplomatie européenne ont de leur côté fustigé un vote sous contrainte, sans opposition et en pleine répression. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit voir en Vladimir Poutine un homme "ivre de pouvoir" qui veut "régner éternellement". Dans son discours de victoire tard dimanche soir, Vladimir Poutine a lui dressé le portrait d'une Russie "consolidée" qui ne se laissera pas "intimider" par l'Occident.
S'agissant du front, toute la semaine a été marquée cependant par des bombardements meurtriers et des incursions de combattants armés venus d'Ukraine pour montrer à la Russie qu'elle n'est pas à l'abri sur son territoire. Dans la région de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, ces attaques ont fait au moins 15 morts depuis le 12 mars, selon les autorités locales.