Emmanuel Macron et Angela Merkel ont convenu samedi d'avoir à l'avenir "une position coordonnée au niveau européen" sur des sanctions éventuelles contre l'Arabie saoudite après l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, a indiqué l'Élysée.
Lors d'une rencontre improvisée juste avant le début d'un sommet à Istanbul sur la Syrie, les dirigeants français et allemand ont cherché à apaiser leur différend, après qu'Emmanuel Macron a accusé vendredi implicitement l'Allemagne de "démagogie" pour avoir demandé aux Européens l'arrêt des ventes d'armes à Ryad.
Merkel et Macron ont eu un échange "apaisé"... Les deux dirigeants "ont eu un échange apaisé" sur le sujet, a expliqué la présidence française et assuré que "pour une prochaine prise de position ils n'annonceront rien sans s'être coordonnés d'abord, au niveau européen". Emmanuel Macron avait déclaré vendredi que "c'est pure démagogie que de dire d'arrêter les ventes d'armes" à l'Arabie Saoudite. Il avait aussi ironisé sur les pays qui réclament cet embargo alors "qu'ils vendent parfois plus (d'armes) que la France à travers leurs joint ventures", deux allusions qui ciblaient clairement l'Allemagne. Il avait aussi lancé que les sanctions pourraient consister à "ne plus vendre de véhicules" à l'Arabie saoudite, dont l'Allemagne est un des plus grands exportateurs. La France, elle, est l'un des principaux fournisseurs d'armes à Ryad.
... mais le président français est resté sur sa position. Pour autant, aucun des deux leaders n'a fait de mea culpa, selon les collaborateurs du président français. "Ils ne sont pas revenus sur les termes de 'démagogie' ou de 'joint venture' mais ont eu un échange apaisé sur le sujet", a précisé la présidence française. Emmanuel Macron est resté sur sa position et "réexpliqué pourquoi il considère qu'il n'y a pas de lien direct entre l'assassinat de Khashoggi et la fin des ventes d'armes" à Ryad, selon l'Élysée.
Angela Merkel a elle "redit que la question qui se pose est à qui on vend des armes et à quel type de pays", selon la même source. Vendredi, la chancelière était revenue, à Prague, sur la proposition allemande faite en début de semaine de ne plus livrer d'armes à Ryad. "Il faut éclaircir les dessous de ce crime horrible et jusque-là, nous n'allons pas fournir d'armes à l'Arabie saoudite", avait-elle expliqué.