Le ministre des Affaires étrangères vénézuélien Jorge Arreaza a affirmé mercredi que sans les sanctions économiques dont il fait l'objet, le Venezuela aurait déjà acheté les vaccins anti-Covid dont il a besoin. "Si les fonds vénézuéliens (à l'étranger) n'étaient pas bloqués, nous aurions acheté il y a trois mois les 30 millions de vaccins dont le pays a besoin", a affirmé Jorge Arreaza dans un entretien à l'AFP à Caracas.
"En un an, on aurait déjà vacciné la moitié de la population"
"Quand un Vénézuélien souffre, que sa famille souffre parce qu'un être cher meurt parce qu'on n'a pas pu lui faire son vaccin... En un an, non seulement on aurait les 30 millions de vaccins, mais on aurait déjà aussi vacciné la moitié de la population" (30 millions d'habitants), a-t-il ajouté.
"Comme les fonds sont bloqués, on en est là! Il arrive un peu de vaccins russes et chinois mais nous essayons à travers le mécanisme Covax d'arriver à des accords avec ceux qui séquestrent nos fonds pour qu'ils les libèrent. Nous demandons aussi à la Banque d'Angleterre de libérer nos fonds de notre or et ils ne le font pas", assure le ministre.
Le pays vaccine avec les vaccins russes et chinois
Le pays a enregistré 165.000 cas dont plus de 20.000 en mars, pour un peu moins de 1.700 décès depuis le début de la pandémie, selon les chiffres officiels. L'opposition et des ONG estiment que ces chiffres sont largement sous-évalués. Le Venezuela a lancé en février-mars une campagne de vaccination avec les vaccins russe Spoutnik V et chinois Sinopharm.
A ce jour, le pays a reçu 250.000 doses de Spoutnik V sur les 10 millions convenues avec Moscou. "On avance (avec le dispositif Covax) et on espère qu'ils vont libérer les fonds. On espère que les fonds arrivent à l'OPS (Organisation panaméricaine de santé) et au mécanisme Covax, pour qu'ils nous donnent nos vaccins", a précisé le ministre.
Des sanctions économiques depuis la réélection de Nicolas Maduro en 2018
Le Venezuela et sa compagnie pétrolière PDVSA font l'objet de sanctions économiques internationales notamment de la part des Etats-Unis qui veulent évincer du pouvoir Nicolas Maduro, dont la réélection en 2018 est considérée comme frauduleuse par une partie de la communauté internationale.
Fin mars, le président Maduro avait proposé du "pétrole contre des vaccins", une formule faisant écho au programme "Pétrole contre nourriture" mis en place par l'ONU pour venir en aide aux populations irakiennes malgré les sanctions économiques édictées après l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990.