C'est une crise historique pour l'institution. Depuis novembre dernier, l'Académie suédoise, qui décerne chaque année le prix Nobel de littérature, est éclaboussée par des affaires d'agressions sexuelles et de favoritisme. Après des mois de silence radio, trois des 18 membres ont fini par claquer la porte, vendredi.
Un Français accusé. Le scandale a mis au jour en novembre les relations étroites entre l'académie et "une personnalité du monde de la culture" accusée de viols et agressions sexuelles par des académiciennes, épouses d'académiciens, leurs filles et de nombreuses autres femmes. Selon elles, il s'agit du Français Jean-Claude Arnault, 71 ans, directeur artistique d'un lieu d'exposition et de performances à Stockholm, couru des élites culturelles et en partie financé par l'académie. L'homme est marié à l'une des académiciennes.
"Une culture du silence". Pendant des mois, les membres de la prestigieuse institution gardent le silence, jusqu'à ce que trois Sages craquent et rompent leur devoir de réserve. "Vous devez signer une clause de confidentialité lorsque vous entrez dans l'Académie, pour ne rien dévoiler sur les règles de l'institution", explique Mattias Berg, journaliste culturel en Suède, joint par Europe 1. "La secrétaire de l'Académie a dit qu'elle savait des choses, mais qu'elle n'avait rien dit. Il y a une véritable culture du silence", dénonce-t-il.
Enquête en cours. Depuis ces premières révélations, un cabinet d'avocat a été chargé d'enquêter sur les liens entre Jean-Claude Arnault et les académiciens. Mi-mars, le parquet de Stockholm a annoncé qu'une partie de l'enquête ouverte contre l'homme au cœur du scandale avait été classée sans suite pour cause de prescription ou faute de preuves. Il s'agit de viols et d'agressions présumés commis en 2013 et 2015. Les faits non encore classés n'ont pas été divulgués.
En Suède, beaucoup craignent pour la crédibilité du prochain prix Nobel de littérature, décerné à l'automne prochain.