Sébastien Lecornu dément des ventes à Israël de composants militaires «utilisés contre des civils»

© MAXIME GRUSS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
  • Copié
avec AFP // Crédit photo : MAXIME GRUSS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Le ministre des Armées a démenti la vente à Israël de composants "susceptibles d'être utilisées contre des civils dans la bande de Gaza". Selon lui, la licence permettant la vente de ces pièces "ne donne pas droit à l'armée israélienne d'utiliser ces composants" dans Gaza. 

Le ministre français des Armées a démenti mardi la vente à Israël de composants pour des pièces de cartouches, considérées par les sites d'investigation Disclose et Marsactu comme "susceptibles d'être utilisées contre des civils dans la bande de Gaza". La licence permettant la vente de ces pièces, qui auraient été envoyées par la société Eurolinks au groupe israélien IMI Systems depuis le port de Marseille, "ne concerne que de la réexportation vers des pays tiers", a affirmé Sébastien Lecornu au cours d'une conférence de presse.

Selon lui, la licence "ne donne pas droit à l'armée israélienne d'utiliser ces composants" dans la bande de Gaza ou ailleurs. Selon les deux sites, "la France a autorisé, fin octobre 2023, la livraison à Israël d'au moins 100.000 pièces de cartouches pour des fusils mitrailleurs susceptibles d'être utilisés contre des civils à Gaza". Ils décrivent "de petites pièces métalliques servant à relier entre elles des balles de fusils mitrailleurs" et permettant "des tirs en rafale". Et publient à l'appui des photos datant du 23 octobre dernier, soit après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas sur Israël.

Une commission d'enquête "relative à la vente de composants de l'entreprise française Eurolinks à l'armée israélienne"

Le 27 février, devant la Commission de la Défense de l'Assemblée nationale, Sébastien Lecornu avait assuré que Paris entendait être "irréprochable" en matière de livraison de composants militaires à Israël. Certains ont pu être livrés jusqu'à très récemment, avait-il reconnu, évoquant des "composants élémentaires" tels que "des roulements à billes, des vitrages, des systèmes de refroidissement, des potentiomètres, des capteurs de pression". Mais "en général, ce sont des armements qui ont vocation à être réexportés depuis Israël vers d'autres clients".

La présidente du groupe LFI, Mathilde Panot, a dénoncé mardi un "scandale énorme" et accusé le ministre des Armées d'avoir "menti" lors de cette audition. Le porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée, Arthur Delaporte, a demandé pour sa part "que la France mette fin à toute livraison d'armes à Israël".

Dans la soirée mardi le député LFI Bastien Lachaud a demandé la création d'une commission d'enquête "relative à la vente de composants de l'entreprise française Eurolinks à l'armée israélienne", annonçant le dépôt d'une proposition de résolution en ce sens. Toutefois, son groupe ayant déjà utilisé son droit de tirage annuel lui permettant de créer une commission d'enquête, il faudrait que cette résolution soit adoptée par l'Assemblée pour que l'instance puisse être créée.

Le ministre a rappelé mardi avoir demandé aux services compétents "d'être encore plus rigoureux dans la manière d'interroger l'utilisation de ces composants", depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël. Seules "quelques licences ont pu être données" pour le Dôme de fer israélien, dispositif permettant d'intercepter roquettes et missiles visant Israël et qui "protège les civils". En 2022, les exportations de composants vers Israël ont représenté 15 millions d'euros, soit "0,2% des exportations globales", a rappelé Sébastien Lecornu. Les informations de Disclose et Marsactu n'ont pas pu être vérifiées par l'AFP.