Séisme au Maroc : pourquoi ne peut-on pas prédire un tremblement de terre ?

Plus de 2.500 personnes sont décédées dans le séisme qui a touché le Maroc dans la nuit de vendredi à samedi.
Plus de 2.500 personnes sont décédées dans le séisme qui a touché le Maroc dans la nuit de vendredi à samedi. © CARL COURT / GETTY IMAGES EUROPE / GETTY IMAGES VIA AFP
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Ophélie Artaud / Crédit photo : CARL COURT / GETTY IMAGES EUROPE / GETTY IMAGES VIA AFP
Était-il possible de prévoir le séisme qui a touché le Maroc, et causé la mort de 2.500 personnes ? Si les scientifiques sont capables de déterminer les zones sismiques, il n'est pour le moment pas possible de savoir précisément où et quand un tremblement de terre va se produire.

Un tremblement de terre puissant qui frappe sans avertissement. Dans la nuit de vendredi à samedi, le Maroc a été touché par un séisme de magnitude 7 sur l'échelle de Richter, qui a causé la mort d'au moins 2.500 personnes, selon un bilan encore provisoire, et détruit des milliers d'habitations dans la région de Marrakech. Pour de nombreux scientifiques, ce tremblement de terre n'est pas étonnant : la région touchée, à proximité de la zone montagneuse du Haut-Atlas, se trouve en effet sur une faille sismique et est donc particulièrement exposée aux risques de tremblements de terre.

D'ailleurs, le Royaume a déjà été touché par d'importants séismes, notamment en 1960, où Agadir a été l'épicentre d'un tremblement de terre de magnitude 5,7, qui a tué plus de 12.000 personnes, soit plus d'un tiers de la population de la ville. Plus récemment, en 2004, 629 personnes ont été tuées dans un séisme de magnitude 6,3 dans la province d'Al Hoceïma. Pourquoi est-il pratiquement impossible de prédire un tremblement de terre ?

La prédiction existe à long terme...

Si de nombreux chercheurs travaillent sur ce sujet, "la prédiction n’est pas encore d’actualité", rappelle le CNRS. Pour le moment, les scientifiques parviennent à déterminer les zones à risques et évaluer la taille des failles, ce qui permet d'avoir une idée de la puissance et de la fréquence de futurs séismes. Selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, des séismes ont le plus de risques de se produire autour de l'océan Pacifique, notamment en Amérique du Sud, sur la côté ouest des États-Unis et au Japon, sur le pourtour de l'océan Indien, en Indonésie ou dans les régions de l'Himalaya, des zones "où plusieurs centimètres par an de déplacement relatif sont absorbés".

On sait par exemple que la Californie pourrait être touchée par le "Big One", un séisme colossal, en raison de la faille de San Andreas, située sur le long de la côte californienne. La région est touchée par un violent tremblement de terre environ tous les 150 ans, et les derniers remontent à 1857 et 1906. Pour les scientifiques, il est donc probable qu'un puissant séisme ait lieu dans les 30 prochaines années.

... mais pas à court terme

Mais il est pour l'instant impossible de savoir précisément où et quand un tremblement de terre va se déclarer, et donc de prévenir les populations. Cela s'explique par le fait que "les séismes sont dus à des processus complexes en profondeur et ne peuvent donc pas être observés directement, contrairement aux phénomènes météorologiques par exemple", détaille le CNRS. Aussi, les mouvements des plaques tectoniques se font sur des milliers, voire des millions d'années, et il n'est pas possible de savoir quand l'énergie accumulée entre ces plaques va se relâcher et provoquer un tremblement de terre.

Les recherches se poursuivent pour mieux évaluer le risque sismique à court terme, notamment grâce à la technologie ou à l'intelligence artificielle. En attendant, la meilleure manière de protéger les populations semble être de construire des bâtiments qui répondent aux normes antisismiques, comme c'est le cas au Japon. Très chères, ces constructions sont rares dans les pays récemment sinistrés, comme la Turquie, la Syrie et le Maroc.