Les persécutions contre les homosexuels, qui avaient cessé durant le ramadan, ont repris de plus belle en Tchétchénie depuis la fin de cette période de jeûne musulman, a affirmé vendredi l'ONG Russian LGBT network (réseau LGBT russe). "Depuis la fin du ramadan, les détentions ont repris. Pendant le ramadan, il n'y en avait plus", a déclaré Igor Kochetkov, le directeur du réseau LGBT russe. Celui-ci devrait être reçu à l'Elysée, au ministère des Affaires étrangères ainsi qu'au Sénat.
Les gays accusés de "fausses preuves". "Des dizaines de personnes nous contactent sur notre hotline. Ils nous disent qu'on essaie d'accuser les gays sous de fausses preuves, qui vont du cambriolage au terrorisme. Cela se passe maintenant. C'est tout récent", s'est-il inquiété. "La même chose se passe qu'en mars", quand le réseau LGBT russe avait reçu de nombreux appels dénonçant des persécutions subies par les gays tchétchènes dans leur pays, a observé Igor Kochetkov. Selon le journal russe Novaïa Gazeta, plus de cent homosexuels ont été arrêtés ces derniers mois dans cette république russe du Caucase, où les autorités ont incité leurs familles à les tuer pour "laver leur honneur". Toujours selon le journal, au moins deux personnes ont été assassinées par leurs proches et une troisième est décédée des suites d'actes de torture.
Plus de 300 homosexuels détenus et torturés. Pour le président du réseau LGBT russe, ce sont même "six gays" qui ont été "tués" dans cette république conservatrice et musulmane, alors qu'il chiffre à "300 à 400" le nombre d'homosexuels tchétchènes à avoir été détenus et torturés dans des lieux non officiels, comme des écoles abandonnées ou des garages. Entre "60 et 70" d'entre eux ont été "exfiltrés" dans d'autres provinces russes, dont 14 ont depuis lors été admis dans des pays étrangers avec "visa humanitaire et asile garanti", a-t-il affirmé. L'un d'entre eux est arrivé fin mai en France.
"Purges systématiques". Leurs familles ont récemment reçu la visite de la police tchétchène, qui les a forcées à signer des documents attestant qu'elles "ne déposent aucune plainte", que "leurs proches n'étaient pas gays", qu'ils "n'ont pas été maltraités" et qu'ils sont simplement "partis travailler" ailleurs en Russie, s'est indigné Igor Kochetkov. "La police tchétchène n'était pas contre les gays. Elles les faisait chanter. C'était un business stable", a-t-il affirmé. Mais en février, "il y a eu un ordre du gouvernement tchétchène de mener des purges systématiques", a accusé Igor Kochetkov.