"Comme nous l'avons déjà dit, des négociations sur la fourniture d'armes entre la Russie et la Corée du Nord progressent activement", a déclaré Adrienne Watson, une porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche. Et "nous savons que Kim Jong Un souhaite que ces négociations continuent, avec notamment un échange diplomatique au plus haut niveau en Russie", a-t-elle ajouté dans un courriel à la presse.
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Mercredi, le porte-parole en chef du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, s'était déjà alarmé de l'avancée rapide de ces négociations sur de futures livraisons d'armes de Pyongyang à Moscou et avait sommé le régime communiste de "cesser" ces discussions.
John Kirby avait révélé que "ces accords potentiels verraient la Russie recevoir d'importantes quantités" d'armements, en particulier des munitions pour l'artillerie, ainsi que des matières premières pour son industrie de la défense. Ces armements seraient "utilisés contre l'Ukraine", avait ajouté l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield.
Obus d'artillerie et missiles antichars
Selon le New York Times, Kim Jong Un devrait se rendre à Vladivostok, sur la côte est de la Russie, à bord d'un train blindé dans le courant du mois, pour y rencontrer Vladimir Poutine. Un responsable au ministère sud-coréen de l'Unification a par ailleurs déclaré à l'AFP que plusieurs éléments "indiquaient" que les discussions entre Pyongyang et Moscou sur de futures livraisons d'armes progressaient.
"Toute forme de coopération entre la Corée du Nord et ses pays voisins doit être menée de manière à ne pas porter atteinte aux normes internationales et à la paix", a-t-il ajouté. Les déplacements à l'étranger du dirigeant nord-coréen sont rares. Outre ses voyages à Singapour et au Vietnam en 2018 et 2019 pour des sommets avec le président américain de l'époque Donald Trump, Kim Jong Un a effectué quatre visites en Chine. Il a aussi déjà rencontré M. Poutine à Vladivostok en 2019.
Le New York Times précise que Vladimir Poutine souhaite obtenir des obus d'artillerie et des missiles antichars nord-coréens. M. Kim chercherait quant à lui à acquérir des technologies de pointe pour satellites et sous-marins, ainsi qu'une aide alimentaire.
Washington a déclaré la semaine dernière que la Corée du Nord avait fourni des roquettes d'infanterie et des missiles à la Russie en 2022, destinés à être utilisés par le groupe paramilitaire privé Wagner.
La Maison Blanche a de nouveau dénoncé lundi la visite fin juillet du ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou en Corée du Nord, où il a assisté à un défilé militaire aux côtés de Kim Jong Un, afin de "tenter de convaincre Pyongyang de vendre à la Russie des munitions d'artillerie".
Trois entités sanctionnées
La semaine dernière, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Corée du Sud et le Japon ont déclaré que tout accord visant à accroître la coopération entre la Russie et la Corée du Nord violerait les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies interdisant les ventes d'armes à Pyongyang, résolutions que Moscou a elle-même approuvées. Ils ont indiqué qu'à la suite de la visite de Sergueï Choïgou à Pyongyang, un autre groupe de responsables russes s'était rendu en Corée du Nord pour des entretiens de suivi.
Selon Cho Han-bum, chercheur à l'Institut coréen pour l'Unification nationale, des sanctions internationales ne permettront pas d'empêcher un quelconque échange d'armes entre Pyongyang et Moscou.
La Russie et la Corée du Nord ne s'inquiètent "pas" des sanctions car les deux pays en font déjà l'objet, estime-t-il, ajoutant que la coopération militaire entre les deux pays semble "inéluctable". Le mois dernier, Washington a sanctionné trois entités accusées de chercher à faciliter les ventes d'armes entre la Corée du Nord et la Russie.
Elles étaient liées à un ressortissant slovaque déjà sanctionné par le Trésor américain en mars pour avoir permis des ventes d'armes entre Pyongyang et Moscou, selon le département du Trésor. Selon cette même source, la Russie continue à épuiser ses munitions et à perdre ses équipements lourds en Ukraine, l'obligeant à se tourner vers son groupe restreint d'alliés pour obtenir de l'aide.