Guerre en Ukraine : Séoul «inquiet» du rapprochement Russie-Corée du Nord, Zelensky réclame une «pression intangible»

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avec l'AFP / Crédits photo : STR / KCNA VIA KNS / AFP , modifié à
En juin 2024, le Kremlin et Pyongyang avaient annoncé avoir signé un traité de défense mutuelle en cas d'agression, renforçant d'autant plus leurs liens diplomatiques et leur coopération militaire. Un traité qui inquiète Séoul, dont les services de renseignement avaient indiqué la mobilisation de troupes nord-coréennes en Ukraine.

La Corée du Sud a exprimé vendredi sa "grave inquiétude" après la ratification la veille par les députés russes d'un traité de défense entre Moscou et Pyongyang, le président ukrainien Volodymyr Zelensky réclamant de ses alliés occidentaux une "pression intangible" sur les deux pays alliés. D'après le dirigeant ukrainien, les soldats nord-coréens commenceront à combattre contre les troupes ukrainiennes à partir de dimanche, faisant craindre une nouvelle "escalade" dans la guerre qui oppose la Russie à l'Ukraine depuis 32 mois.

Des milliers de soldats nord-coréens

Volodymyr Zelensky a appelé les Occidentaux à "punir" le duo Russie-Corée du Nord, qui se sont fortement rapprochés depuis deux ans, les alliés de Kiev accusant Pyongyang de fournir des munitions à l'armée russe. "Nous avons besoin d'une réaction forte et fondée sur des principes de la part des dirigeants du monde", a-t-il réclamé. Séoul a dit "exprime(r) sa grave inquiétude après la ratification par la Russie du traité Russie-Corée du Nord alors que des troupes nord-coréennes sont actuellement déployées en Russie", selon les termes d'un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Le gouvernement sud-coréen "demande instamment le retrait immédiat des troupes nord-coréennes et la cessation de la coopération illégale", a ajouté le ministère sud-coréen. Jeudi, les députés russes ont voté, à l'unanimité et sans surprise, la ratification du "traité sur le partenariat stratégique global" avec la Corée du Nord. Le texte signé le 19 juin, durant une rare visite du président Vladimir Poutine à Pyongyang, prévoit à l'article 4 "une aide militaire immédiate" en cas d'agression armée de pays tiers.

Dans le cadre de cette coopération accrue, la Corée du Sud et les États-Unis affirment que des milliers de soldats nord-coréens s'entraînent déjà sur le sol russe. Et Kiev a dit jeudi avoir les preuves que des soldats de Pyongyang étaient déjà arrivés dans "la zone de combat" de la région frontalière russe de Koursk. Ce que Pyongyang et Moscou ont démenti. "Selon nos services de renseignement, les 27 et 28 octobre, la Russie utilisera les premiers militaires nord-coréens dans des zones de combat", a affirmé vendredi Volodymyr Zelensky sur Telegram.

"Vladimir Poutine est désespéré"

Peu après, un haut fonctionnaire de la présidence ukrainienne a précisé à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, que ce déploiement pouvait "arriver à la fois" sur la ligne de front en Ukraine et dans la région de Koursk, territoire russe où Kiev contrôle toujours des centaines de kilomètres depuis une offensive dans la zone en août. Pour John Kirby, porte-parole de la Maison Blanche, l'envoie de troupes nord-coréennes pour combattre aux côtés de l'armée russe "montre combien Vladimir Poutine est désespéré". 

Berlin a toutefois estimé vendredi que le "soutien" de la Corée du Nord à la Russie, "qu'il s'agisse de la livraison" de matériel militaire ou de "l'utilisation éventuelle de personnel", serait une "escalade manifeste" dans la guerre en Ukraine, par la voie du ministère allemand des Affaires étrangères. Face aux accusations occidentales, le président russe a réagi vendredi, dans une interview diffusée par la télévision d'Etat russe. 

"C'est à nous de décider de façon souveraine si nous mettons quelque chose en place ou pas, où, comment, si nous en avons besoin, ou si nous allons simplement organiser, par exemple, des exercices (militaires conjoints), des entraînements ou bien encore partager l'expérience" du champ de bataille, a-t-il déclaré vendredi en clôture du sommet des Brics. "Ce sont nos affaires", a encore appuyé le maître du Kremlin. Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol avait, lui, déclaré jeudi que son pays ne resterait "pas les bras croisés" face au déploiement de troupes nord-coréennes en Russie, qu'il a qualifié de "provocation qui menace la sécurité mondiale". Séoul va étudier "avec plus de souplesse" qu'auparavant la possibilité de fournir des armes à l'Ukraine, avait-il annoncé. 

La Corée du Nord a adopté un nouvel hymne national, a rapporté par ailleurs vendredi un média d'Etat, une nouvelle mesure devant permettre au dirigeant nord-coréen Kim Jong Un de définir son pays comme étant entièrement séparé du Sud et en conflit avec lui. La Corée du Nord a déjà modifié sa Constitution pour définir le Sud comme un État "hostile" et a dynamité en octobre les routes et les voies ferrées qui reliaient autrefois les deux pays.