Slavko Curuvija, propriétaire et rédacteur en chef de deux journaux indépendants, était l'une des voix critiques les plus influentes dans la Serbie des années 1990. Il a été abattu de 13 balles devant son domicile à Belgrade le 11 avril 1999. La Serbie était alors sous les bombes de l'Otan, une opération lancée en réponse à la répression brutale par le régime de Milosevic de la rébellion indépendantiste des Albanais du Kosovo.
L'ancien chef du renseignement, Radomir Markovic, et un autre haut responsable, Milan Radonjic, avaient été condamnés à 30 ans de prison. Deux autres membres importants des services de sécurité, Ratko Romic et Miroslav Kurak, avaient eux été condamnés à 20 ans de prison chacun.
Une décision condamnée par Reporters sans frontières
Ils ont tous été acquittés le 2 février, une décision condamnée par Reporters sans frontières, l'OSCE, l'opposition serbe, la communauté internationale et des associations de défense des journalistes. Dans un communiqué, l'association des Juges de Serbie a expliqué "partager la déception du public, qu'après 25 ans" les coupables n'aient pas été traduits en justice, tout en appelant à ne pas blâmer les juges qui ont rendu le verdict.
"Cela montre que les Institutions qui étaient chargées [de l'enquête, ndlr] la police, le bureau du procureur et la cour n'ont pas fait leur devoir", ajoute l'association, "le public peut légitimement se demander ce qui a échoué ici".
Lundi, une foule de plusieurs centaines de personnes a observé 25 minutes de silence, pour dénoncer "25 ans sans justice". Cet acquittement, "c'est un message de l'Etat aux journalistes, pour leur dire qu'ils ne sont pas protégés", a réagi Zeljko Bodrozic, président de l'Association indépendants des journalistes serbes. "Et ce que les citoyens peuvent y voir, c'est qu'ils ne sont pas protégés eux-même si les journalistes ne le sont pas".