Quatre corps ont été retrouvés mercredi dans l'épave du yacht de luxe "Bayesian" du magnat britannique de la tech Mike Lynch qui a fait naufrage lundi en Sicile, amenuisant encore les chances de retrouver vivant les deux derniers disparus.
Ces quatre corps, retrouvés dans l'après-midi mais non identifiés à ce stade, portent le bilan des victimes à cinq morts, après la découverte lundi d'un premier homme décédé.
Peu avant l'annonce de la découverte des deux premiers corps, un journaliste de l'AFP a vu plus d'une demi-douzaine de bateaux quitter le port de Porticello, lieu du naufrage à l'est de Palerme, à quelques minutes d'intervalle.
Les opérations de recherche se poursuivent pour retrouver les quatre personnes manquantes qui étaient à bord du voilier, désormais couché sur le flanc droit à 50 mètres de profondeur à 700m du port de Porticello. Mais l'opération est "longue et compliquée" selon les pompiers.
Mercredi matin, par une mer calme, les plongeurs ont rejoint la zone de recherche à bord de petits canots pneumatiques, se relayant par équipes de deux.
"Il y a eu des cas de survivants dans ce genre de poches d'air"
Un responsable des garde-côtes, le capitaine Vincenzo Zagarola, avait cependant déclaré dès mardi à la radio italienne qu'il était "difficile d'imaginer" que les recherches puissent bien se terminer.
Mais des experts ont fait remarquer que les yachts tels que le "Bayesian" étaient conçus avec des portes étanches pouvant créer des poches d'air permettant une chance de survie pendant un certain temps.
"Il y a eu des cas de survivants dans ce genre de poches d'air", a rappelé Jean-Baptiste Souppez, expert britannique en ingénierie et membre de la Royal Institution of Naval Architects, dans un commentaire fourni par le Science Media Centre.
Il a cité le cas du marin nigérian Harrison Okene, secouru en 2013 après avoir passé près de trois jours piégé dans une poche d'air à la suite du chavirement de son navire dans une mer agitée au large du Nigeria. "Il est tout simplement impossible de prédire si des poches d'air se sont formées sur le Bayesian", a-t-il cependant ajouté.
Des scènes apocalyptiques
Quelques heures avant la tornade survenue lundi à l'aube, la fête battait son plein sur le "Bayesian", un yacht de 56 mètres de long battant pavillon britannique à bord duquel se trouvaient 12 passagers et 10 membres d'équipage.
Mike Lynch, un richissime homme d'affaire surnommé le "Bill Gates britannique", fêtait avec ses amis, collaborateurs et avocats sa relaxe en juin dans un procès pour fraude aux Etats-Unis qui aurait pu lui coûter de longues années de prison.
Le navire a sombré en quelques minutes et 15 personnes, dont six passagers parmi lesquels une mère et sa fille d'un an, ont été sauvées, tandis qu'un membre d'équipage a été retrouvé mort.
"Le mot que la mère et tous les blessés répétaient sans cesse était +l'obscurité+, l'obscurité qu'ils ont vécue pendant le naufrage", a témoigné à la BBC Fabio Genco, responsable des urgences de Palerme qui ont prêté les premiers secours aux survivants.
"Ils ont parlé d'environ cinq minutes, peut-être de trois à cinq minutes, entre le moment où le bateau a été soulevé par les vagues et le moment où il a coulé (...) Il y a eu des scènes vraiment apocalyptiques où tout le monde cherchait et espérait trouver" les personnes manquantes, a-t-il ajouté.
Deux personnes restent recherchées
Les six personnes qui manquaient à l'appel mercredi matin étaient Mike Lynch et sa fille Hannah, Jonathan Bloomer, président du conseil d'administration de Morgan Stanley International, une branche de la banque américaine, et de l'assureur Hiscox, ainsi que son épouse, et Chris Morvillo, un avocat qui a défendu Mike Lynch dans son procès aux États-Unis, ainsi que son épouse.
Deux personnes restent recherchées, sans que l'on sache lesquelles, dans l'attente de l'identification des quatre corps retrouvés. Les premiers témoins avaient indiqué que le mât de 75 mètres s'était rompu, mais les informations disponibles mercredi semblent indiquer que ce n'est pas le cas.
La vitesse à laquelle le yacht a coulé, et le fait que les autres bateaux autour de lui n'aient pas été touchés, suscitent des questions, notamment celle de savoir si la quille lestée, qui fait contrepoids à l'imposant mât, était abaissée ou relevée au moment de la tempête.