Publié ce jeudi en France aux éditions Robert Laffont, Sodoma, le nouveau livre de Frédéric Martel, est d'ores et déjà précédé d'un parfum de scandale. Dans cet ouvrage de 600 pages, le journaliste enquête sur le Vatican, et y décrit "l'omniprésence d'homosexuels". Alors même que l'Eglise catholique continue de condamner l'homosexualité, Frédéric Martel décrit au micro d'Europe 1 "un système", et une "majorité silencieuse" d'homosexuels, y compris au sein des éléments les plus conservateurs de l'entourage du Pape.
"Au Vatican, ce n’est pas un lobby, ce ne sont pas des homosexuels qui se connaîtraient entre eux, qui voudraient s’organiser pour une cause", explique le journaliste. "Cette majorité silencieuse est une somme d’individus (…) qui vont se prémunir des autres en cachant leur homosexualité, et vont faire de l’homophobie la manière de cacher leur homosexualité". Et selon lui, "cette homosexualisation très massive du Vatican et des épiscopats a des effets considérables sur la doctrine et des effets de distorsion sur toute l’organisation de l’Eglise".
"La haine de soi est extrêmement forte au Vatican". Le chercheur, qui déclarait au Point, provocateur, "le Vatican, c'est Fifty Shades of Gay", décrit plusieurs types de comportements chez les membres du clergé homosexuels. Au sein du Vatican, "il y a des homophiles qui respectent leur célibat, des pratiquants, mais aussi des gens qui n’assument pas ce qu’ils sont". Mais encore, ajoute-t-il, "de la prostitution, des "chemsex parties (soirées avec du sexe et de la drogue)".
Toujours selon le journaliste, quelques uns des prélats les plus ultraconservateurs au sein du Vatican sont pour la plupart homosexuels ou homophiles. "Des cardinaux très homophobes ont une double vie homosexuelle avec des amants, parfois des escorts, et parfois une homophilie très mal vécue. La haine de soi est extrêmement forte au Vatican", décrit-il encore.
"L'un des plus grands secrets des 50 dernières années". Évoquant à propos de cette omniprésence d'homosexuels au sein de l'Eglise "l'un des plus grands secrets des 50 dernières années", l'auteur dénonce principalement "une culture du secret", qui pousserait certains prêtres ou évêques à taire ou couvrir des cas d'abus sexuels chez d'autres religieux, et ce alors que l'Église est affaiblie par les nombreuses révélations de cas d'abus sexuels par des prêtres. Ainsi, il fustige au micro d'Europe 1 "cette couverture, cette culture du secret qui a permis à des abuseurs d’être protégés par un système qui avait pour objectif de protéger l’homosexualité des cardinaux dans l’entourage de Jean-Paul II et de Benoit XVI".
Le pape François "très courageux". Alors que dans son ouvrage, le journaliste n'hésite pas à égratigner les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI, qu’il décrit en "dandy homosexualisé", il se montre plus indulgent avec le pape François. "On lui reproche des nominations qui remontent toutes aux pontificats de Jean-Paul II et de Benoit XVI", regrette-t-il. Interrogé sur le sommet sur "la protection des mineurs" qui s'est ouvert jeudi au Vatican, Frédéric Martel estime "qu'il faut soutenir l’initiative du pape François". "Il est très courageux dans un univers hostile de cardinaux conservateurs, souvent d’extrême droite, qui l’attaquent pour son progressisme".