L'Italie bloquait jeudi soir l'adoption de conclusions communes sur divers sujets abordés en première partie du sommet européen en cours à Bruxelles, en attendant de savoir si elle obtiendrait satisfaction sur ses exigences dans le dossier migratoire, a-t-on appris de sources concordantes. "Giuseppe Conte s'est réservé la possibilité de pouvoir se prononcer sur tout", a indiqué une source italienne, tandis qu'un porte-parole du Conseil européen expliquait, sans le nommer, qu'un État membre "a réservé sa position sur l'ensemble des conclusions".
Les dirigeants des 28 ont entamé leur sommet en abordant les thèmes de la sécurité et de la défense, puis de l'emploi, de l'innovation ainsi que de l'élargissement. Des conclusions approuvées par l'ensemble des États membres étaient attendues dans la foulée sur ces sujets qui n'étaient pas sujets à controverse. Mais "alors qu'un État membre a réservé sa position sur la totalité des conclusions, aucunes conclusions n'ont été adoptées à ce stade", a expliqué le porte-parole du Conseil européen (qui réunit l'ensemble des chefs d'État et de gouvernement) dans un court communiqué. "Il y a eu une longue discussion sur la procédure, pendant plus d'une demi-heure", a expliqué un responsable européen. "Les Italiens réservent leur opinion sur le résultat du débat qui portera sur la migration", a-t-il précisé.
Une discussion "très virulente". Selon une autre source européenne, "ça a été une discussion très virulente et tout le monde est tombé sur l'Italien, mais bon, (il n'y a pas eu) de consensus, donc on n'a pas pu adopter les conclusions". Les 27 autres dirigeants ont été "étonnés, et pas forcément contents", a ajouté cette même source. La conférence de presse prévue aux alentours de 19h avec le président du Conseil Donald Tusk et son homologue de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a été annulée en conséquence. Rendez-vous étant donné aux médias à la toute fin du sommet vendredi après-midi.
L'Italie accuse ses voisins de la laisser gérer seule le dossier. Le sujet de la migration, le plus épineux du sommet, avait été réservé pour le dîner des dirigeants, et promettait une longue nuit: dès son arrivée à Bruxelles jeudi, Giuseppe Conte, qui reproche à ses collègues européens de laisser l'Italie seule pour gérer les arrivées de migrants, avait mis la pression. "Nous attendons des actes", avait déclaré le chef du nouveau gouvernement populiste italien. Si le texte final sur lequel doivent s'entendre les dirigeants européens ne satisfait pas Rome, avait-il averti, il n'y aura "pas de conclusions partagées" à la fin du sommet.