L'Italie qui refuse d'accueillir l'Aquarius. Le ministre de l'Intérieur allemand qui menace de fermer les frontières. La Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie qui boycottent le mini-sommet européen de ce dimanche... Le torchon brûle en Europe. Au cœur du conflit : les enjeux migratoires.
Des problématiques qui seront discutées, ce dimanche, à Bruxelles, entre différents chefs d'Etat européens. "Ce sommet, c’est un peu un sommet cathartique pour que dix pays se disent les choses", estime Yves Bertoncini, président du Mouvement Européen-France et ancien directeur de l'institut Jacques Delors, invité de C'est arrivé cette semaine sur Europe 1. Car, selon, lui la crise est avant tout politique : "on est face à une crise de nerfs, on n’est pas face à une crise migratoire", poursuit Yves Bertoncini.
En effet, selon lui, rien de comparable avec la crise migratoire d'il y a deux ans. "La crise migratoire est derrière nous malgré l’arrivée symbolique de quelques bateaux", assure Yves Bertoncini. "Les migrants sont arrivés massivement en 2015-2016, notamment parce qu’Angela Merkel leur a tendu les bras. Depuis, des accords ont été faits avec la Turquie et avec la Libye. Le flux s’est tari".
"Aidez-nous un peu plus". Problème : cette crise migratoire a laissé des rancœurs tenaces. "En Allemagne, il y a eu la montée de l'extrême-droite", rappelle l'observateur. "En Italie, l’arrivée de la Ligue tend le débat entre Européens". "Les pays qui, comme nous ou l'Espagne, n'ont pas été confrontés à cette vague sont mis sous pression par leurs partenaires qui leur disent : aidez-nous un peu plus", analyse Yves Bertoncini.
A cela s'ajoute un manque de solidarité et des engagements non tenus. "Matteo Salvini (dirigeant de la Ligue du Nord, ndlr) parcourt les plateaux télé italiens avec des chiffres qui montrent que la France s'était engagée à accueillir 30.000 demandeurs d’asile", reprend Yves Bertoncini. "On en est à 5.000 en deux ans, dont 635 depuis l’Italie..."
"Un défi à Emmanuel Macron". Pour mettre un peu plus d'huile sur le feu, les récentes déclarations d'Emmanuel Macron - le chef de l'État s'était emporté contre "les donneurs de leçons" qui "m'expliquent qu'il faut accueillir tout le monde" - ont été mal vécues par les Italiens. Conclusion ? Le sommet de dimanche s'annonce comme "un défi à la France d’Emmanuel Macron" : "C'est un sommet qui n’est pas facile pour lui", prévient Yves Bertoncini. "Il risque d’être mis sous pression par ses partenaires".