Après la poignée de main, les engagements. Le sommet historique entre la Corée du Nord et la Corée du Sud a donné lieu vendredi à une déclaration conjointe des deux chefs d'Etat, Kim Jong Un et Moon Jae-in, avec plusieurs annonces. Au programme : un engagement pour la dénucléarisation de la péninsule, la recherche d'un régime de paix, et la réunion des familles divisées. Pour Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste des deux Corées, le plus difficile reste à faire : "transformer l'engagement politique en feuille de route technique", et donner ainsi corps aux déclarations d'intention.
Une paix historique. "Ce qui extrêmement important dans les annonces, ce n'est pas tant la dénucléarisation de la péninsule, puisque c'est un objectif à très long terme, pour lequel la Corée du Nord s'était déjà engagée dès 1992, que l'annonce de la signature d'un traité de paix avant la fin de l'année, pour mettre fin à la guerre de Corée qui a durée de 1950 à 1953", souligne le chercheur sur Europe 1.
"Une annonce a été faite que le président sud-coréen se rendrait à Pyongyang à l'automne, peut-être pour signer ce traité de paix. L'inconnue, c'est la position américaine vis-à-vis de cette éventualité. Mais si la Corée du Sud a annoncé cela, c'est que les Américains ont apporté leur soutien à cette initiative", veut-il croire.
Du gel des essais... Pour ce spécialiste, cette première rencontre a surtout servi de prélude avant le sommet entre Kim Jong Un et Donald Trump, prévu en mai ou en juin. "La rencontre avec les Etats-Unis sera fondamentale, non pas pour la paix, mais sur la dénucléarisation de la péninsule", souligne Antoine Bondaz. "Encore une fois, la Corée du Nord n'a pris aucun engagement écrit sur comment parvenir à cette dénucléarisation, elle a pour l'instant annoncé un gel des essais", rappelle-t-il.
... Au gel du programme nucléaire. "L'objectif de la communauté internationale est de transformer ce gel des essais en gel du programme, avec des inspections internationales, notamment de l'ONU, et enfin en un démantèlement des capacités nucléaires et balistiques nord-coréennes", poursuit Antoine Bondaz, avant de conclure, un brin pessimiste : "On en est encore très très loin".