Un retour au Mali, et beaucoup de questions. Alors que la France s'était mobilisée pour obtenir sa libération, Sophie Pétronin est retournée au Mali depuis mars dernier. Officiellement, c'était un départ en vacances avec son fils Sébastien. Ils ont été autorisés à s'envoler de Genève pour Dakar, au Sénégal. Mais le périple s'est prolongé : pendant trois jours, ils se sont tapis au fond de bus ou accrochés à la selle de moto-taxi. L'ancienne humanitaire de 76 ans a ainsi pu passer la frontière malienne. Ce retour au Mali est la conséquence d'un brutal retour de captivité, souligne le journaliste Anthony Fouchard, proche de la famille Pétronin.
Une inquiétude pour sa fille adoptive
Il raconte six mois de dépérissement de l'ancienne otage en Europe entre ses discours suicidaires et son inquiétude permanente pour sa fille adoptive de 19 ans, Zeinabou. Il rappelle ses efforts vains pour faire venir la jeune femme en Suisse, ses deux demandes de visa refusées. Son fils Sébastien finit par céder et aide sa mère à retrouver le sol malien qu'elle aime tant, qu'elle a foulé plus de vingt ans. Pour l'heure, Sophie Pétronin assure demeurer à Bamako, la capitale du Mali. Elle a fait part de sa surprise à Anthony Fouchard : selon elle les autorités maliennes sont au courant depuis des mois, rapporte-t-il à nos confrères de LCI, et elle s'étonne que ça dérange maintenant.
"Je suis à peu près comme tout le monde : choqué", a confié François-Xavier Freland ancien correspondant au Mali au micro de Romain Desarbres. "Sans vouloir participer à la curée médiatique, c'est sûr qu'elle a donné le bâton pour se faire battre", a fustigé l'auteur de Le Mali, au-delà du jihad. Rappelant l'attachement de Sophie Pétronin à la région, il a expliqué que cette dernière est "une aventurière", mais elle est aussi "très française parce que quelque part, elle se paye un caprice de riche".
Sous la protection d'un imam ?
Selon le journaliste, Sophie Pétronin est actuellement sous la protection d'un imam à Bamako. "C'est très inquiétant" car ce même imam "soutient l'actuel régime de la junte, de l'actuel président de transition" et "défend un islam rigoriste". Il a d'ailleurs "participé en sous main aux contacts avec le groupe qui avait pris en otage Sophie Pétronin" a-t-il déploré, "donc on voit bien qu'il y a une certaine ambiguïté".
Une "forme d'irresponsabilité" selon le gouvernement
De son côté, le gouvernement a déploré mercredi le retour au Mali de l'ancienne otage française, dénonçant par la voix de son porte-parole Gabriel Attal une "forme d'irresponsabilité" vis-à-vis de "sa sécurité" mais aussi vis-à-vis "de la sécurité de nos militaires".
"Lorsque nous avons des ressortissants qui sont pris en otage à l'étranger, ce sont nos militaires qui vont les secourir au péril de leur vie, nous avons des soldats qui ont été tués dans le cadre d'opérations pour aller secourir des otages qui avaient été faits prisonniers dans des pays étrangers", a souligné Gabriel Attal, qui a demandé du "respect pour nos soldats". "On suit cette situation et le Quai d'Orsay suit cette situation de très près", a ajouté le porte-parole sans donner de précisions sur la situation de Sophie Pétronin.